« Au rucher » 2015-11

Par Michel Smet,

Les travaux de mise en hivernage des colonies sont désormais terminés. Seul le calme et la tranquillité seront de rigueur dans le rucher. Vous aurez, bien sûr, retiré les inserts ayant servis au traitement de lutte contre varroas comme il se doit, après le nombre de semaines prescrit par le fabricant, du moins, si vous aviez choisi de traiter vos peuples de la sorte.

Pour rappel, ce traitement permet aux colonies d’être débarrassées de ces vampires que sont les varroas. A cette période de l’année, les abeilles doivent absolument entrer dans la phase d’hivernage en possédant un minimum de varroas afin de pouvoir au mieux traverser ce cap difficile qu’est l’hiver. Celui qui se tracassera de cela en décembre le payera très cher car ses peuples seront alors trop affaiblis que pour pouvoir supporter le traitement à l’acide oxalique qui, pour rappel, ne sert qu’à éliminer éventuellement les derniers acariens présents.

Calme donc au rucher, qui aura tout de même été rangé et mis en ordre avant l’hiver. Comme on dit, ce qui est fait n’est plus à faire!

Les nourrisseurs auront aussi quitté les ruches et seront lavés et séchés avant d’être rangés comme il se doit. Les coussins d’hivernage seront mis en place ainsi que les tiroirs de fonds de ruches, mais de façon telle à permettre la circulation libre de l’air afin d’éviter toute humidité excédentaire dans les peuples, humidité qui est bien plus néfaste que le froid en lui-même. En fait, c’est la logique qui devra être d’application, ici encore.

Vous profiterez de la période hivernale pour contrôler tout le matériel, le remettre en ordre si nécessaire. En un mot comme en cent, tout sera apprêté pour les premiers beaux jours de mars, date à laquelle la visite furtive de colonies sera réalisée.

Cette période froide est aussi une période propice à la réalisation de la refonte des vieux rayons ainsi qu’à leur désinfection, car, les butineuses sont moins sujettes à nous « embêter » lors de ce travail. Certains d’entre vous m’ont demandé de résumer ma façon de faire cette besogne, qui, je le reconnais, est assez laborieuse et certainement pas des plus agréables à faire, mais cela aussi fait partie du « métier » d’apiculteur. Voici donc comment je procède:

Tout d’abord, je rassemble tous les cadres à fondre à l’endroit où je vais réaliser le travail et les trie en fonction de leur type (corps, hausses, etc) et par ordre de propreté (les cadres de hausse ensemble, les cadres de corps ensemble, en mettant les plus sales ensemble et pareil avec les plus propres). En effet, ce n’est pas quand tout est en branle qu’il faut se tracasser de savoir si des cadres ne trainent pas encore à tel ou tel endroit. La veille du travail, j’apprête tout le matériel ainsi que les bonbonnes de gaz, les brûleurs etc. La fondeuse à cadres est placée sur son brûleur respectif, le chaudron destiné au lavage des cadres est aussi mis en place et raccordé à sa bouteille de gaz. Ce récipient, d’un diamètre intérieur de 60 cm et d’une hauteur de 45 cm servait jadis à chauffer l’eau destinée à la lessive du linge. Il est en cuivre, possède un robinet de vidange au fond ainsi qu’un bruleur propane. Il me sert aussi à réaliser mon sirop de sucre et permet de recevoir les cadres de corps Dadant à plat (les plus grands), chose primordiale lors du choix de la cuve.

Le lendemain matin, à 5 heures, je remplis la cuve de la fondeuse d’eau chaude (30 litres) provenant du boiler. Pareil pour la cuve du chaudron. J’allume les brûleurs à gaz et je place ½ kilo de soude en cristaux dans l’eau du chaudron (environ 100 litres). Je remplis la fondeuse de cadres de hausses( les plus propres pour commencer puis les plus sales ensuite) et replace le couvercle. Pendant que tout cela chauffe, j’en profite pour déjeuner. Environ une heure plus tard, tout est chaud et le travail à proprement parler commence. Dans le chaudron, je lave d’abord mes grilles à reines, mon petit matériel d’élevage de reines (bigoudis, latte support des plots, plots en PVC, cages d’introduction des reines, etc..). Bref, tout ce qui n’est pas trop sale sera lavé en premier lieu. Il en ira de même des cadres, d’abord les cadres de hausses suivis des cadres de corps les plus « clean » suivis des plus vieux et sales.

Lorsque la cire a terminé de couler du bec de la chaudière dans le récipient récepteur, signale que la première fournée de cadres est fondue, j’ouvre la fondeuse, retire les cadres fondus après les avoir secoués quelque peu et les place en quinconce directement chauds dans le chaudron de lavage. Je termine par lester le tout avec un morceau de pierre puis replace le couvercle. La fondeuse, quand à elle, reçoit une volée de cadres à fondre et est également refermée. Je « tourne » ainsi toute la journée et arrive, en m’appliquant, à fondre, laver et rincer environ 600 cadres tous modèles confondus en terminant le boulot vers 18 heures.

Les cadres sortis du chaudron seront placé au sol, en quinconce, et lavés à l’eau chaude si possible (tuyau d’arrosage) avant d’être placés à sécher les uns sur les autres dans un endroit abrité mais ventilé et lestés par le dessus des piles.

Une fois secs, les cadres seront triés afin de réparer ceux qui doivent l’être.

Vous devrez veiller à remettre de l’eau dans la cuve de la fondeuse à cadres par l’orifice prévu à cet effet après 3 heures de service environ. Pour le chaudron, il faudra aussi combler l’eau d’évaporation en ajoutant, de temps en temps une fois, un seau d’eau chaude si possible, et ce afin de ne pas refroidir le tout.

Personnellement, le rinçage des cadres est réalisé à l’eau froide, et cela fonctionne bien également.

Encore un petit point avant de terminer: vous veillerez à écumer le dessus de l’eau du chaudron avant de retirer la pierre et les cadres, et ce afin que l’écume produite ne se retrouve pas sur les bois des cadres, ce qui gâterait le nettoyage. Pour la soude en cristaux, pas besoin d’en rajouter au fil du travail, la solution de base garde toutes ses propriétés de dégraissage sans devoir en ajouter. Vous porterez des lunettes et des gants appropriés pour réaliser ce travail qui doit se faire dans de l’eau qui bout à gros bouillons. En travaillant de la sorte, pas besoin de brosser les cadres qui ressortent du chaudron comme des sous neufs! Vous pourrez, de la sorte, conserver vos cadres de longues années durant. Attention que le traitement des cadres en matière plastique ne peut se faire par le procédé décrit ci-dessus qui n’est valable que pour les cadres en bois!! Le plastique ne tient pas le coup, ni à la fonte, ni au lavage. Pour ces derniers, seul un grattage manuel suivi d’un lavage au nettoyeur haute pression sera appliqué.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » novembre-décembre en 2014.

Ce contenu a été publié dans Actualités, Extraits de la revue. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.