Ranger les cadres

La récolte est finie : on range les cadres…

Les pots de miel s’empilent sur l’étagère. Voici venu le moment de ranger hausses et cadres jusqu’à la saison prochaine : il s’agit d’éviter les mauvaises surprises, comme par exemple celles que peut nous réserver la fausse-teigne : rayons réduits en poussière et cocons collés un peu partout… quelques précautions nous permettront de retrouver le tout en parfait état au printemps, premier gage d’une saison réussie.

Les cadres de hausse seront triés, on en renouvellera une bonne proportion de manière à assurer un bon renouvellement des cires. Notamment tous les cadres ayant contenu du couvain ou contenant du pollen seront fondus.

Les cadres restants seront rangés à l’écart des produits qui pourraient les contaminer, et à l’abri de la poussière, de la fumée et des attaques de rongeurs (Guide de bonnes pratiques apicoles (GBPA) p. 18). A cette fin, on place une hausse vide sur des blochets de bois, on y pose une grille à reines, puis les hausses remplies de cadres à conserver sont empilées pour former cheminée et favoriser ainsi un courant d’air entre les cadres (GBPA p. 19). Si des retombées de poussière sont à craindre, on en protégera les cadres en veillant à maintenir l’effet cheminée, par exemple en posant une plaque sur des blochets de bois par-dessus la dernière hausse. On peut aussi les stocker dans une armoire, un vieux congélateur… mais il faudra veiller à laisser 1 cm entre les cadres, afin toujours que l’air puisse y circuler.

Comment éviter la fausse-teigne ? Pour se développer, cette dernière a besoin de cire – c’est son aliment énergétique – mais aussi de protéines. Elle les trouve dans le pollen ainsi que dans la soie dont sont faits les cocons des larves d’abeilles. Si l’on utilise une grille à reines pendant la saison, ce qui est fortement conseillé (GBPA P. 32), les cadres de hausse seront déjà bien peu tentants pour les chenilles de l’encombrant papillon. Ces dernières ont en outre besoin de chaleur. Entreposer les hausses dans un local non chauffé achèvera de les décourager. Si le local est chauffé, pensez à sortir vos hausses à l’air libre pendant un ou deux jours lorsque le temps est beau et qu’il gèle sec. Mais attention, toujours, de protéger les cadres d’éventuelles pollutions (fientes d’oiseaux par exemple) en les couvrant d’un plastique. Froid, courant d’air, absence de matières protéiques dans les cires : cela est suffisant et aucun autre moyen de traitement n’est à conseiller. Dans tous les cas, on évitera tout produit incompatible avec les denrées alimentaires (tétrachlorure, insecticide…). Il en va de la santé de nos clients… et de la nôtre !

Les cadres de corps posent un peu plus de problème : ils sont, eux, bien plus appétissants pour nos fausses-teignes! Là aussi un tri s’impose : il est conseillé d’en remplacer 20% chaque année (GBPA P. 21).. Les cadres stockés vides seront débarrassés des œufs et petites larves qui s’y trouvent à coup sûr. Un séjour au congélateur (48h idéalement) y suffit généralement ; on vérifiera leur état tous les mois au moins et au besoin on renouvellera le traitement. Un produit spécifique à base de toxine Bt peut également être utilisé, de même que le soufrage (GBPA p. 19).

Empilement de hausses

Les hausses sont empilées de manière
à créer un effet de cheminée

Le soufrage est radical mais il faut se souvenir la mèche peut enflammer les cadres même si elle se consume à bas bruit, et que les fumées de soufre sont très toxiques, pour l’apiculteur autant que pour le parasite ! Pour soufrer les cadres, il faut poser la pile de corps ou de hausses sur un support qui permette d’y introduire un récipient ininflammable qui contiendra le soufre, et fermer hermétiquement la pile par le haut. La mèche de soufre doit brûler librement dans le récipient ; on peut, par exemple, l’enfiler sur un long clou traversant une vieille boîte de conserve. On allume la mèche, on place le tout sous la pile, on ferme avec un chiffon… et on se sauve. On ventile bien après 48 heures. Le soufrage peut aussi se faire en armoire, mais celle-ci doit être bien hermétique, et ne peut pas se trouver dans un local habité.

Quant aux cadres pleins de réserves, ils ne peuvent être conservés que congelés ; au cours de l’hiver, l’humidité cause forcément fermentation des sucres et moisissure du pollen. Des cadres ainsi dégradés ne seront bien entendus jamais rendus aux abeilles ! Les cadres très noirs, qui ont séjournés plusieurs années dans les corps de ruche, sont pollués par les produits de traitement et parfois par des pesticides agricoles ramenés par les abeilles ; leur cire ne sera plus utilisée pour la production de cires gaufrées ; les plus noires seront mises en décharge (GBPA p. 13).

Vous trouverez d’autres renseignements encore, et des partages d’expérience, dans l’ActuApi n° 20 (2002) (téléchargeable sur le site du CARI : http://www.cari.be).

Vos cadres ainsi traités resteront seront préservés de toute dégradation et contamination. Vous les retrouverez tout beaux tout nets quand refleurira le cerisier ! Bonne fin de saison !