Par Benoît Manet
Les cours sont terminés au rucher-école et voici le temps des examens. En décalage cette année puisque la formation s’est étalée sur l’année civile, mais aussi car le temps est loin de la saison des essaimages. Etymologiquement, le mot essaim viendrait du mot latin classique « examen », dérivé de « exigere » qui signifierait emmener, pousser hors de… 1 Il y a donc là l’idée d’agir, de rentrer en action. Ici pour rapporter le contenu de la matière assimilée lors des vendredis et samedis de formation et pour aboutir à une fort belle session liée somme toute à la pratique d’une passion partagée.
Et à tout moment, l’essaim doit nous rappeler cet appel à l’action. Que ce soit au niveau de nos aspirations ou de nos consciences. La tâche est lourde face aux défis de ce siècle. Le prochain examen pour nos sociétés se tiendra à Paris lors du 21ème Sommet climatique, la COP21 2. Cette grande réunion internationale qui se tiendra du 30 novembre au 15 décembre invite nos dirigeants à prendre leurs responsabilités et oser un accord limitant d’ici 2100 le réchauffement climatique. Pour en comprendre l’importance, en voici un bref historique. En 1992, le Sommet de la Terre à Rio tente de répondre à l’appel des scientifiques réunis au sein du GIEC 3 qui avertissent des risques encourus si les émissions de carbone ne diminuent pas. A Kyoto, en 1997, un premier protocole est mis en place. En 2009, à Copenhague, les attentes sont grandes pour arriver à « décarboner » nos sociétés mais la déception aussi au vu des résultats tellement timides. Ici à Paris, l’objectif sera de négocier le budget carbone pour rester en-dessous de la barre des 2°C de réchauffement climatique 4. Un examen de conscience pour les 195 pays participants tout autant qu’un essaimage de plus de 20000 personnes, ministres ou chefs d’état, militants ou lobbyistes qui se rassembleront sur le sol français 5.
Why do I care ? le rappelait déjà le Sommet des consciences en juillet dernier où s’étaient rassemblés une quarantaine de personnalités morales ou religieuses du monde entier 6. Un peu plus tôt, le Pape François avait publié son encyclique « Laudato si’ » consacrée aux questions environnementales et à l’écologie humaine 7. Des signes concrets et salués visant une prise de conscience de l’intérêt de préserver notre environnement et notre climat pour les générations futures.
En marge de la COP21, le photographe Eric Tourneret, déjà bien connu pour ses clichés autour de l’abeille et des traditions qui l’entourent, nous fait découvrir 80 de ses œuvres sur les grilles du Jardin du Luxembourg à Paris. C’est le fruit de 10 ans de son travail en parcourant 25 pays – de l’Ethiopie au Brésil, de l’Indonésie à la vallée de l’Omo – qui est illustré en extérieur. C’est une invitation à parcourir les différentes « routes du miel » telles que les vivent les cultures humaines. Son leitmotiv : « Montrer à travers l’apiculture traditionnelle les singularités contemporaines qui persistent dans le rapport des hommes à l’agriculture, à la terre autour du monde. » Mais c’est aussi un appel à protéger un monde en crise 8. Et pour en garder traces, un magnifique livre de ces photographies vient d’être publié 9.
Le prochain examen que nous aurons à l’horizon de cette fin d’année visera la reconduction de l’interdiction des produits néonicotinoïdes. Nous y serons attentifs et nous en reparlerons au travers de nos prochaines chroniques. D’ici la fin d’année, bonnes découvertes et portez-vous bien !
A suivre…
Benoît Manet