« Au rucher » 2014-07

Par Michel Smet

En juillet, comme vous le savez, la grande miellée d’été prendra sa fin et nous allons devoir penser sérieusement à la mise en hivernage des colonies, et ce dans les meilleures conditions possibles, afin d’assurer la pérennité des peuples.

Juillet

Juillet

Par quoi commencer? Tout d’abord, il faut réaliser l’extraction du miel d’été en ayant à la pensée que le risque de pillage en cette saison est très grand. En effet, les apports de nectar se raréfient et la moindre goutte de matière sucrée sera détectée par les abeilles, et là … gare au pillage! Triez vos cadres de hausses et ne gardez que ceux exempts de pollen, qui eux seront refondus d’office. Comme déjà dit, je ne fais pas lécher mes cadres que je stocke tels quels dans un coffre étanche ou mieux dans un congélateur destiné au rebut. Je n’ai jamais de problème de fausse teigne, et surtout, j’évite un démarrage de pillage au sein du rucher par la manipulation de cadres gluants de miel.

Au niveau des peuples, la mise en hivernage sera notre tracas du moment. Comment s’y prendre? Tout d’abord, il faut leur donner un sirop de qualité qui seul permettra le passage de l’hiver aux abeilles. Vous trouverez ma recette de fabrication dans les pages suivantes. Dès le retrait des hausses, je donne 2,5 litres de sirop lourd aux colonies afin de reconstituer le volant de nourriture indispensable. Dès que le nourrisseur est vide, je commence le traitement de « longue haleine » contre la varroase, couvrant plusieurs cycles de naissances d’abeilles, et ce afin de « liquider » un maximum de varroas présents dans le couvain des ruches. C’est là qu’est l’erreur à ne pas commettre, à savoir, la réalisation d’un traitement ponctuel du genre acide oxalique, qui n’agit que quelques jours jours voire quelques heures. Il faut absolument un traitement de longue durée afin d’élever des abeilles saines de grande qualité, à la santé irréprochable et exemptes de varroas. C’est la seule façon de mettre tous les atouts de son côté.

Comment pratiquer? C’est là que le bât blesse! La législation en la matière n’autorise plus que certains produits bien encadrés par la loi. Je pense au Thymovar par exemple qui est délivré en pharmacie et sur ordonnance d’un vétérinaire. D’autres produits sont également disponibles. Pour plus d’infos, contacter un vétérinaire qui vous renseignera.

Le traitement de la varroase terminé, nous devrons penser à resserrer les colonies sur un nombre de cadres correct par rapport aux habitantes de la ruche. Le but de cette opération est de faire en sorte que les abeilles, tout au long de la période froide, soient, autant que faire se peut, au contact de la nourriture, et ce afin de ne pas devoir migrer trop loin vers cette nourriture lorsqu’il fait grand froid. Cela engendre la mort de la colonie de faim alors qu’une grande quantité de nourriture se trouve quelques cadres plus loin. Il n’y a rien de plus désolant à voir que ce cas de figure, évitable par le resserrement des peuples au moment judicieux. Pour ce faire, on procèdera au retrait des cadres les plus vieux se trouvant dans les colonies, même si de la nourriture s’y trouve. Ce n’est pas bien grave puisque vous allez seulement donner la grosse quantité de sirop après cette opération de retrait des vieux cadres.

Ce travail réalisé, je donne le reste du sirop, à savoir au total, une quantité équivalente de 15 kilos de sucre sec par peuple. Avec ma méthode de fabrication du sirop, cela correspond à 2 bidons de 10 litres de sirop. Chaque bidon contenant donc 7,5 kg de sucre sec. J’y ajoute un peu d’huile essentielle de thymol et autre vinaigre. Tout ce travail devra être terminé pour la fin septembre, avant l’apparition des nuits froides qui freinent le travail d’operculation des provisions. Si des reines doivent être remplacées, on peut encore réaliser cette opération en août et septembre sans problème.

L’hivernage des ruchettes se fera de la même façon, à une échelle plus petite bien sûr. Seules les colonies bien préparées passeront un hiver sans problème, sachez-le. Surtout, ne négliger pas l’impact de la varroase sur la santé de vos abeilles, vous commettriez une grave erreur. Ce vampire est et reste la plaie de notre apiculture d’aujourd’hui.

Si vous disposez d’un local étanche aux abeilles vous permettant de refondre vos cadres à l’aide du cérificateur à vapeur, faites-le sans trainer. Vous éviterez l’arrivée indésirable de la fausse teigne qui fait de grands dégâts dans la cire. Si vous devez attendre la saison froide pour réaliser cette opération, stockez les cadres à refondre dans un congélateur que vous faites tourner 24 ou 48 heures. Si fausse teigne il y a, elles seront tuées par le froid.

Une fois fondus, passez les cadres dans un bain de soude en cristaux dissous dans de l’eau bouillante, puis rincez-les correctement avant de les empiler en quinconce pour sécher. Vous aurez alors réalisé un nettoyage en profondeur de vos cadres. Prochainement, nous parlerons du travail à apporter au miel extrait. Bonne extraction d’été et bonnes vacances.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » juillet-août en 2013.

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