« Au rucher » 2014-05

Par Michel Smet

Revenons au placement des greniers à miel. Ceux d’entre vous qui possèdent des ruches équipées d’un cadre témoin attendront, après la recoupe du cadre au sortir de l’hiver, que ce dernier soit en passe d’être bâti. C’est le signal que la pression d’abeilles dans le corps demande une augmentation du volume de la ruche par l’apport de la première hausse qui sera équipée si possible pour moitié de cadres bâtis et pour l’autre de cadres de cire gaufrée. Cela évite les folles bâtisses entre cadres.

Mai

Mai

De nos jours, la pose d’une grille à reine entre le corps à couvain et les greniers à miel s’avère indispensable. Les conditions d’hygiène ne permettent plus de retrouver des éventuelles traces de couvain dans le miel. Cette grille permet donc de scinder le miel du reste de la ruche. Lors de l’extraction, le travail est simplifié par l’emploi de cette grille car on peut aisément utiliser le plateau chasse abeilles pour « vider » la hausse de ses abeilles, et ce sans fumée, et autres piqures. Quand je repense au travail que représentait jadis le retrait des cadres de miel, un par un, et aux nombreuses piqures reçues, je dis merci aux Ets Nicot pour leur merveilleuse invention qu’est le chasse abeille losange. Réellement une petite merveille! Bien sûr je ne cultive plus les « lions » de jadis mais en août surtout, le retrait des hausses de miel n’est pas toujours apprécié par les avettes.

Ceux d’entre vous qui ne possèdent pas de ruche avec cadre témoin, ils devront « sentir » quand il faut placer les hausses. Une chose est sûre, il vaut mieux la placer trop tôt que trop tard, mais le contingent requis d’abeilles doit être présent sinon on refroidit la colonie et on freine le développement plutôt que l’accélérer. Si vous êtes, comme on dit parfois  » le cul entre deux chaises », et que vous doutez sur la force du peuple à hausser, placez la hausse à miel mais nantissez-la de blocs de partition qui, assurant l’augmentation de volume, vous permettent un bémol quant au volume donné en une fois. Vous placerez dons 5 cadres au lieu de 10 au centre de la hausse et vous placerez un bloc partition à gauche des cadres et un à droite. Vous pourrez alors voir à quelle vitesse les abeilles bâtissent ces cadres centraux mis à leur disposition : c’est fulgurant.

La semaine suivante, vous retirerez les blocs de partition et les remplacerez par les cadres placés la semaine avant et qui auront été bâtis et emplis de miel. Les nouveaux cadres placés le seront au centre de la hausse. Il ne faut jamais oublier que les abeilles qui se tiennent en grappe, vivent dans un volume relativement cubique. Les côtés sont donc toujours délaissés au profit du centre, qui est et reste le cœur vivant de la colonie. C’est pour cette raison que l’on permute les cadres centraux des hausses avec les latéraux au fil de l’évolution de la miellée. Cette technique permet la récolte de hausses de miel bien remplies uniformément. Tout a son importance en apiculture, qui reste un art plus qu’une science. Les greniers à miel suivants seront placés alors que le précédent n’est pas encore rempli complètement. En effet, le nectar doit pouvoir être étendu dans les cellules afin d’être asséché.

Dès qu’un tiers de la hausse est bâti et empli de miel, vous placerez la hausse suivante en dessous de la précédente. Cela évite aux abeilles de devoir traverser les hausses pleines avant d’atteindre la vide. Quatre, cinq voire six hausses à miel peuvent, dans les fortes années de miellées, se trouver sur les ruches, comme c’est le cas cette année ci. Si vous ne disposez pas du nombre de hausses requis, il vous faudra extraire les premières hausses operculées et les rendre aux abeilles par la suite afin qu’elles puissent poursuivre la récolte. Tout est, quelque part, come déjà dit aux élèves de notre école, question de « jugeotte » et de logique. Tout acte réalisé au sein du peuple doit être précédé d’une réflexion sur les conséquences engendrées par cet acte.

Sachez également qu’en apiculture, toute erreur se paye au grand comptant, et ne donne pas de possibilité d’un retour quelconque. Attention donc à ce que vous faites! Mais, c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Nous ne remplacerons jamais la pratique au rucher dans le « vivant » par une explication quelle qu’elle soit. Je vous invite donc à visiter vos peuples autant que faire se peut, tout en respectant les habitantes bien sûr. Vos abeilles vous respecteront si vous les respectez, soyez-en toujours conscients (sauf pour les « lions » qui sont à éliminer sans aucun remords).

Le miel sera extrait lorsqu’il sera operculé au tiers. Personnellement, disposant de nombreux hectares de colza cette année, j’attendrai la fin de la floraison avant de retirer les hausses et extraire tout en une fois. Cela m’évite de devoir laver 36 fois mon matériel ainsi que ma miellerie.

En mai et en juin, si le cœur vous en dit, vous pourrez pratiquer l’élevage des reines ô combien passionnant qui permet de cultiver mais surtout de conserver des abeilles prolifiques et douces, critère qui passe avant tout dans ma façon de pratiquer l’apiculture. Comme je le dis souvent, même un apiculteur qui ne possède que 2 ou 3 colonies peut prendre beaucoup de plaisir à élever quelques reines. Si surplus il y a, il peut toujours faire plaisir à un collègue. De plus, cette activité permet la visite des colonies éleveuses ainsi que des ruchettes de fécondation de nombreuses fois et fait en sorte que l’on apprend bien plus vite comment les abeilles se comportent et réalisent leur travail. Beaucoup de choses à apprendre donc mais aussi beaucoup de plaisir par la pratique de l’élevage des reines.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » mai-juin en 2013.

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