« Au rucher » 2014-03

Par Michel Smet

Nous y voici, nous y voilà! Le printemps est à nos portes, du moins au niveau du calendrier. Les colonies sont fortes, voire très fortes. Certains élèves qui possèdent déjà des colonies nous relatent la vue de beaucoup d’abeilles sous le couvre cadre vitré. Réjouissons-nous de cet état de fait qui augure un bon développement des colonies et promet une récolte abondante, si toute fois la maitrise de l’essaimage est bien appliquée. C’est là tout l’art de l’apiculture et surtout de l’apiculteur. Eviter le départ de l’essaim n’est en effet pas toujours chose aisée, surtout pour les novices. Il faut tout d’abord apprendre à connaître ses abeilles, leur façon de se développer, de réagir aux différentes miellées qui se présentent à elles tout au long de l’année, leur manière de bâtir les cadres etc… Tout cela s’apprend au fil des ans et devient ce que l’on appelle l’expérience. Une dizaine d’années de pratique est nécessaire pour acquérir cette maitrise de la ruche car l’année apicole pendant laquelle on peut travailler dans les peuples est très courte, je dirai même trop courte! Il faut faire avec ou s’exiler dans un pays où l’hiver n’existe pas et où les reines pondent des œufs 365 jours par an!

Mais revenons à nos protégées. Le printemps approche et nous devons être fin prêts pour débuter la visite furtive de nos colonies. Le combustible pour l’enfumoir sera coupé finement à l’aide du taille haie électrique si l’on décide de le fabriquer soi-même. La taille des lavandes, fougères, thym, tanaisie et autres plantes aromatiques aura été mise à sécher dans un grenier quelconque pour être coupée en petits morceaux et stockée dans un sac; une fumée froide et agréable se dégage de l’enfumoir lors de la combustion de ces plantes séchées. Très utile et bon marché de surcroît.

Au niveau des cadres, on doit prévoir de la cire gaufrée que l’on placera sur les fils inox bien tendus afin de présenter aux abeilles un cadre qu’elles bâtiront parfaitement. Un cadre de cire gaufrée sera placé dans les peuples les plus forts dès la visite furtive qui se déroulera fin mars par une température d’au moins 15 à 16 degrés. On se hâtera lentement pour réaliser cette opération qui provoque inéluctablement un refroidissement des peuples. Ce cadre sera placé entre la planche à pollen et le premier cadre de couvain. Dès que bâti à 50 %, il sera intégré au centre du nid afin d’être pondu et finalement emblavé de couvain. Si vous le laissez en rive, il sera rapidement bourré de pollen et nectar et vous aurez alors raté l’opération de renouvellement des cadres du nid à couvain. Méfiance donc! Ceux qui travaillent avec des ruches divisibles procèderont différemment. En effet, ils placeront un beau cadre bâti vide légèrement humecté d’eau sucrée de l’année précédente et ce en plein milieu du nid à couvain. Quelques minutes après, le cadre est occupé par les abeilles qui s’affèrent à le nettoyer et la reine ne tarde pas à venir y déposer le fruit de sa ponte. C’est là, à mon sens, le plus gros avantage des ruches possédant tous cadres identiques: on gagne un temps précieux au printemps pour le développement des peuples. Les cires gaufrées, quant à elles, seront placées en hausse dès l’apparition de la miellée et seront bâties vite et bien, c’est le second avantage des ruches divisibles.

L’état de l’enfumoir aura été contrôlé pendant l’hiver et réparé si nécessaire. Pareil pour la vareuse et les gants. Le lève-cadre est-il bien là où il devrait être? Assurez-vous en avant de commencer l’ouverture d’une ruche. Il y a-t-il du gaz dans la lampe à souder qui vous servira à passer les planchers à la flamme? L’abreuvoir est-il en état et propre? N’oubliez pas que les abeilles ont besoin de beaucoup d’eau pour élever leur couvain. Un seau rempli d’eau dans lequel on met flotter quelques bouchons de liège convient très bien.
Prévoyez aussi un plancher de rechange qui vous permettra le nettoyage des autres planchers du rucher: vous enlevez un sale que vous remplacez par un propre et ainsi de suite.

En un mot comme en cent, tout sera pensé avant d’intervenir dans les peuples.
Lors de la visite furtive, nous nous bornerons à voir si la quantité de nourriture présente est suffisante, et s’il y a une reine en ponte. Inutile de retourner toute la colonie pour la trouver! La présence d’œufs suffit, du moins pour le moment. Les abeilles rentrent-elles du pollen? Si oui, c’est bon signe. Cela augure qu’il y a de l’activité et probablement de la ponte. C’est le signe de la reprise des activités au sein de la grappe. Quand ces constatations auront été faites, nous nous assurerons qu’il y a assez de nourriture dans la ruche jusqu’à la visite suivante. Si nous remarquons que la colonie est petite et logée dans un volume trop important, on procèdera au resserrement du peuple sur un nombre de cadres correct. Comme déjà dit, on ne fait pas basse messe dans une grande église. Il faut, à ce moment de l’année, beaucoup de chaleur (35°C) pour favoriser la ponte de la reine et entretenir le couvain présent. Les plateaux de fonds de ruches seront placés si on a hiverné les colonies sans ces plateaux. Les coussins seront bien replacés sur les couvre cadres. Tout sera mis en œuvre pour favoriser la reprise des activités car dans quelques semaines, la grande miellée de printemps battra son plein et il sera trop tard, à ce moment, de se tracasser du développement des ruchées.

En avril, toutes les plantes printanières seront au rendez-vous de la floraison et la pose des greniers à miel sera de rigueur. Là aussi, tout le matériel sera prêt! Hausses nettoyées, cadres filés, cires placées etc…Les cadres bâtis seront placés en alternance avec les cadres de cire gaufrée afin d’éviter les folles bâtisses. Bien sûr, ceux qui ne possèdent pas encore de cadres bâtis seront bien obligés de placer toutes cires gaufrées dans les hausses. Il leur faudra être vigilants et contrôler régulièrement les bâtisses afin d’éviter tout incident de constructions mal réalisées. L’utilisation de blocs de partition est aussi utile et remédie à ce problème car les cadres étant placés en plus petit nombre au début, les abeilles les bâtissent plus vite et mieux. Ce sont là toutes petites astuces que je développerai prochainement.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » mars-avril en 2013.

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