Par Benoît Manet
Le début d’année est par tradition le moment choisi par réitérer ses vœux. Ces vœux peuvent mettre en avant la prospérité, le bonheur. Oui, mais avant tout la santé. Tout n’est rien si la santé ne suit pas.
Dans ce contexte de coupes sombres dans les budgets, l’actualité a fait écho des restrictions importantes imposées par le nouveau gouvernement fédéral dans les domaines de la culture, des sciences, …
Faisant le point sur le développement de la culture dans le paysage francophone, le magazine Moustique publiait dans ses colonnes il y a quelques semaines les résultats d’un sondage. A la première question de savoir ce qui était le plus important aux yeux des personnes interrogées, la santé arrivait en première place devant toutes les autres préoccupations dont l’environnement qui n’arrivait qu’en 8ème position. Constat intéressant autant qu’interpellant qui montre la rupture entre la notion de santé et l’implication que peut avoir l’environnement vis-à-vis de celle-ci. L’homme se déconnecte de la nature et perd ses repères dans ce qui pourtant est en relation étroite avec son bien-être. Et à terme son devenir sinon son destin. Une réflexion globale doit nous appeler à reprendre contact avec notre cadre de vie et tous les êtres qui l’habitent.
Le parallèle est réalisable avec ce qui nous passionne : nous observons depuis quelques années des problèmes de mortalités des colonies difficilement soutenables. Et pourtant, les ruches se vident, se meurent. Question de santé ? Dans le cas de notre abeille mellifère, c’est l’ensemble des insectes qui constituent la colonie ainsi que toutes les parties qui la composent qui doit être pris en compte. Et ce microcosme d’aller chercher ses ressources dans l’environnement pour assurer son développement. Cette activité de butinage se passe dans un tel rayon d’action que des considérations plus récentes la reprennent comme « sentinelle de l’environnement ». Certaines études, telles que celle menée par l’Oniris1 en Pays de Loire, ont permis de mettre en évidence tout ce que l’abeille pouvait ramener à la ruche en matière de polluants2. Mais aussi de pouvoir décrire l’aire de butinage parcourue en termes de ressources par différentes analyses palynologiques sur du pollen de trappe et dans des échantillons de miel. Enfin, différentes analyses pathologiques ont permis de dresser le parcours sanitaire de ces colonies. Et de constater que les besoins en pollens et en nectars sont considérables et peuvent contribuer à expliquer les pertes enregistrées si l’on analyse l’évolution du paysage par l’urbanisation accrue et l’agriculture intensive avec pour conséquences une fragmentation des habitats et une destruction des zones semi-naturelles comme les haies, les talus, les friches. Cette diminution de biodiversité a pour conséquence un manque de disponibilité des plantes-ressources mais aussi indirectement de floraisons tout au long de la saison qui peuvent s’avérer de surcroît de moindre valeur (déficience en certains acides aminés). Il est maintenant connu que les abeilles ont besoin d’une nourriture de qualité pendant leur développement larvaire mais aussi pendant les premiers jours de leur existence après l’éclosion pour assurer le développement physiologique nécessaire au polyéthisme d’âge mais aussi à leur longévité. Enfin, la pression des pathogènes rend la problématique encore plus difficile à appréhender puisqu’ils peuvent avoir un impact direct sur leur hôte et induire un effet dépresseur sur la survie de la colonie. De surcroît, ils peuvent également se combiner à d’autres facteurs découlant sur des effets de synergie. En cela, les présences du Varroa ou de Nosema représentent une pression dommageable pour la colonie, notamment lorsque celle-ci est exposée aux toxiques ou à d’autres agents pathogènes comme les virus dont l’impact est réellement sous-estimé3. Ces 3 axes (pollution – environnement – maladies) représentent les leviers nécessaires pour garantir la santé de notre abeille.
Butineuse chargé de la résine qui va devenir la propolis
http://scientificbeekeeping.com/

Manifeste pour la terre et l’humanisme
En prélude de cette nouvelle année 2015, il me reste à vous offrir une phrase extraite de la réflexion de Pierre Rabhi dans son « Manifeste pour la terre et l’humanisme »4 :
« Pour que les arbres et les plantes s’épanouissent, pour que les animaux qui s’en nourrissent prospèrent, pour que les hommes vivent, il faut que la terre soit honorée. »
Tel est le vœu que je vous dédie !
A suivre…
Benoît Manet