Le 19 avril dernier sous un soleil radieux Eric Melin a emmené une quarantaine de personnes dont des enfants à la découverte des premières plantes à fleurs sauvages printanières et des espèces ligneuses qui présentent un intérêt apicole et des autres plantes qui sont sans intérêt pour l’abeille mellifère.

Promenade de la Rainette des Marais
En bordure du chemin asphalté du Ravel notre guide identifie successivement les plantes à fleurs sauvages et les espèces ligneuses suivantes :
- le tussilage (contre la toux) ou Pas-d’Ane de la famille des astéracées*1 (synonyme composées comme la marguerite et le pissenlit) qui se développe facilement sur les terrains remaniés. Le tussilage devrait disparaître progressivement pour laisser place à d’autres espèces forales quand les terres remaniées de ce chemin vicinal se seront stabilisées au fil des années.
- le seneçon de Fuchs (astéracée*) dont la hampe florale sera visitée par l’abeille l’été,
- les ronces (rosacées*) dont l’abondance constitue un paradis pour les abeilles, les bourdons et les papillons. Notre guide insiste sur l’intérêt apicole de créer des massifs de ronces et de plantes à fleurs sauvages à haut potentiel pollinifère et nectarifère dans nos jardins afin d’éviter à nos colonies d’abeilles de butiner sur les cultures traitées par des produits chimiques et autres pulvérisations toxiques,
- la clématite (renonculacée*) est désirée pour le pollen et peu pour le nectar. Cette plante grimpante et vésicante croît aisément dans les haies. Elle envahit souvent les arbrisseaux et les troncs des grands arbres qui peuplent les espaces boisés laissés à l’abandon,
- la renoncule ficaire (renonculacée*) est une plante toxique très abondante qui fleurit au moment où les besoins en pollen sont importants dans l’alimentation des larves et de la reine. La collecte du pollen est rare sur cette plante. Le pollen et le nectar des renonculacées sont peu attractifs pour l’abeille.
La renoncule ficaire
By Monika Dispas [CC-BY-NC-3.0] - le lamier blanc (lamiacée*, synonyme labiée) improprement appelé ortie blanche n’est pas visité par les abeilles mais par les bourdons. Le proboscis (la langue est velue) de notre abeille n’est pas suffisamment long pour récolter le nectar dans le fond de sa corolle. Toutefois les abeilles et les bourdons sont très friands des lamiacées aromatiques tels que le thym, le romarin, l’origan et la sauge,
- le lierre terrestre ou glécoma hederacea (lamiacée*) est très attractif et désiré par les abeilles à condition que son peuplement soit suffisamment dense sur une petite surface de terre. Cette lamiacée sauvage est reconnaissable à ses fleurs violettes, à ses feuilles crénelées à festons arrondis et à ses tiges couchées sur le sol.
Le lierre terrestre
By Monika Dispas [CC-BY-NC-3.0] - le lierre terrestre n’a aucun lien avec le lierre grimpant ou hedera helix de la famille des araliacées* dont la floraison fin octobre fournit la dernière ressource en pollen de l’année. Ce lierre qui se fixe aux murs et aux arbres par des racines-crampons possède des feuilles persistantes qui présentent un dimorphisme foliaire bien visible avec des feuilles pentalobées sur les axes stériles et des feuilles entières, losangées sur les rameaux fertiles2,
Lierre grimpant
By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-3.0] - la cardamine des prés (brassicacée*, synonyme crucifère) est rarement visitée pour le pollen. La cardamine et l’ortie (urticée*) sont des plantes hôtes au papillon aurore qui lui permettent d’accomplir son cycle de vie en pondant ses œufs sur les pédoncules floraux en avril-juin.
Parmi les espèces ligneuses qui colonisent les talus boisés du Ravel notre guide identifie :
- le sureau noir (caprifoliacée*) qui est très peu visité par les abeilles. Ses fruits sont noirs. Ses rameaux sont cassants et remplis de moëlle blanche. Par contre, le sureau à grappes avec des rameaux remplis de sève brune que l’on rencontre dans le Condroz et dans les Ardennes est très désiré par les abeilles,
- l’orme (ulmacée*) est visité pour le pollen,
- le charme (bétulacée*) avec ses fleurs mâles en petits châtons abondants jaunes n’est jamais visité par l’abeille. Comme a dit Eric Melin à l’un de ses cours sur la flore mellifère : « Le charme ne charme pas l’abeille !« ,
- le prunellier ( amygdalacée* 3) est intéressant pour le pollen et le nectar floral. Sa floraison précède de dix jours celle du merisier,
Prunellier
By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-3.0] - les saules (salicacée*) têtards au bord de la Méhaigne et les saules du Village du Saule possèdent des fleurs mâles en châtons remplis de pollen jaune très attractif pour l’abeille.

Les participants dans le village du Saule
By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-3.0]
La prairie sauvage humide et marécageuse du Village du Saule est peuplée de plantes mellifères telles que
- la valériane (valérianacée*), et
- l’angélique (apiacée*, synonyme ombellifère) qui n’est pas encore en fleurs et plus tard dans la saison apicole la reine-des-prés (rosacée*).
Ces plantes sont très visitées par les abeilles.
En fin de promenade nous identifions :
- la grande pervenche ( apocynacée*) qui est peu visitée par les abeilles,
- le buis (buxacée*) qui est très désiré par les bourdons quand il est en fleurs,
- le laurier cerise (lauracée*). Les nectaires extra-floraux à la face inférieure des feuilles de cet arbuste secrète un liquide sucré dont les insectes sont très friands.
Le laurier cerise
By Monika Dispas [CC-BY-NC-3.0]
A la fin de la randonnée notre camarade Jean-Michel Miessen et son épouse nous ont accueillis sur leur terrasse pour déguster dans la convivialité la Dorée, savourer le pain d’épice, le gâteau au chocolat faits maison et autres tartes. Nous les remercions pour leur bon accueil.
Nous remercions cordialement Eric Melin botaniste enthousiaste qui a su partager sa grande connaissance de la flore apicole étant donné que les abeilles mellifères, les abeilles sauvages, les bourdons et les papillons dépendent exclusivement du monde végétal pour leur alimentation.
Un dernier mot … Le Village du Saule vaut le détour. N’hésitez pas à le visiter.Louis Joveneau