Balade nature à Andenelle

Par Louis Joveneau

« Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir »
Henri Matisse

Ce 22 avril après-midi sous un ciel ensoleillé a lieu la balade en nature organisée par Emile Gérard membre de notre ASBL « Les Avettes du Mont des frênes ». Cette balade en boucle a pour objectif la découverte de la flore de la région de Andenelle.

Eric Melin, notre guide botaniste, nous accompagne pour identifier les plantes à fleurs sauvages et les espèces ligneuses en pleine floraison qui présentent un intérêt pour l’abeille des ruches. Cette année, toute la végétation printanière fleurit presqu’en un mois par rapport aux années antérieures où les floraisons printanières se répartissent durant deux mois.

Balade à Andenelle

Promenade à Andenelle
By Jean-Michel Miessen[CC-BY-NC-3.0]

Le relief du tracé de la balade est légèrement ondulé. Il est parcouru par le ruisseau l’Andenelle. Le paysage se compose de prairies dans les bas-fonds en bordure du ruisseau et de zones boisées sur les pentes douces et sur les bombements des plateaux.

Avant d’entamer la balade, Eric Melin identifie des plantes récoltées préalablement par Emile. Il s’agit de :

  • L’aliaire officinale (brassicacée *) : plante très commune qui peut être utilisée en cuisine. Son intérêt pour l’abeille est limité. Il est peu probable que l’abeille des ruches se pose sur l’aliaire quand le merisier est en fleurs.
  • L’ail des ours (alliacée) : plante dont les feuilles présentent une similitude avec celles du muguet (liliacée). Les feuilles de l’ail des ours froissées entre les mains dégagent une forte odeur d’ail ce qui différencie cette plante du muguet, puissant tonicardiaque et du colchique (liliacée) dont toutes les parties de la plante sont toxiques.
  • La vesce des haies (fabacée, syn. papilionacée ou légumineuse) : la vesce et le trèfle s’accrochent facilement aux haies d’aubépine. La vesce est peu visitée par l’abeille des ruches. Par contre, les nectaires au niveau des deux stipules qui se trouvent au point d’insertion des feuilles sur la tige de la vesce sont attractifs pour les fourmis.
  • Le Lamier jaune (lamiacée, syn. labiée) : Peut-il être considéré comme une variété invasive ? Le lamier galéoptolon jaune vif est attractif pour les abeilles sauvages et les bourdons. Il n’attire pas l’abeille des ruches parce que les étamines sont trop éloignées des nectaires pour que celle-ci puisse se couvrir de pollen lors de la visite de la fleur. L’abeille préfère les fleurs dans lesquelles le pollen se trouvent près des nectaires afin de pouvoir se charger de celui-ci lors du butinage.
  • Le Prunus padus (amygdalacée) :  ce merisier (cerisier) à grappes pousse en milieu humide dans les sous-bois. La floraison en mai offre des grappes de petites fleurs blanches très odorantes et très mellifères. Les fleurs sont fécondées par les abeilles.
  • La Lunaria (brassicacée, syn. crucifère) appelée aussi la Monnaie-du-Pape :  cette lunaire annuelle de couleur rouge violet se reproduit d’année en année par des graines renfermées dans des siliques allongées. Toutes les brassicacées ont un peu de nectar.

En descendant la rue Kevret vers le pont qui enjambe le ruisseau l’Andenelle nous rencontrons :

Le ruisseau l’Andenelle

Le ruisseau l’Andenelle
By Jean-Michel Miessen[CC-BY-NC-3.0]

  • L’Arum (aracée) : en sujet isolé. Il a des baies jaunes puis oranges. Cette plante toxique n’est pas attractive pour l’abeille. Par contre, l’odeur de putréfaction de l’inflorescence attire les moucherons qui y restent enfermés jusqu’à pollinisation de l’arum et prise de pollen pour aller féconder un autre sujet.
  • La renoncule ficaire (renonculacée) : plante très printanière en sous-bois.  Peu visitée par l’abeille elle peut être intéressante à la fin de la floraison du saule marsault. Elle est peu nectarifère mais pollinifère.
  • La stellaire holostée (caryophyllacée) : ce ne sont ses petites fleurs blanches remarquables qui en font une plante apicole intéressante.
  • Le lierre terrestre ou glécome (lamiacée, syn. labiée) : cette petite plante avec des petites fleurs mauves est très mellifère et attractive en peuplement. Elle constitue une ressource alimentaire importante dans la mesure où elle refleurit en sous-bois sur une longue période notamment entre avril et fin mai.
  • Le Tilleul (tiliacée) : c’est un végétal « champion » pour la production de nectar et de miellat. Il existe 2 espèces indigènes de tilleul, l’un à petites feuilles et l’autre à grandes feuilles mais souvent des sujets hybrides. Les abeilles qui pollinisent le tilleul à petites feuilles en forme de cœur produisent un miel apprécié. Le tilleul argenté est un hybride exotique. Le nectar du tilleul du Caucase contiendrait une substance toxique somnolente qui perturberait l’abeille lors du retour à la ruche.

Après avoir franchi le ruisseau, nous bifurquons vers la droite pour emprunter un large chemin rural qui monte en pente douce le long de la lisière d’un bois. En bordure de ce bois nous rencontrons :

  • Le Cornouiller mâle (cornacée) : arbuste qui ne pousse que sur sol calcaire.
  • Le Cornouiller sanguin (cornacée) : cet arbuste est un marqueur de la saison apicole de même que le fleurissement du sureau noir annonce le trou de miellée.
  • L’Erable (acéracée) : il est une source de nectar et de miellat. Il y a 3 espèces indigènes :  l’érable plane est commun sur les terrains forestiers humides. Ses fleurs mellifères jaunes en grappes pendantes apparaissent très tôt au printemps avant le développement des feuilles. L’érable champêtre préfère un substrat calcaire, on le rencontre plus rarement sur un sol acide. L’érable sycomore dont de nombreux cultivars ont été sélectionnés pour l’ornement se retrouvent principalement dans les parcs et jardins.
  • L’Aulne (bétulacée).
  • Le lierre (araliacée) : il constitue une ressource alimentaire très intéressante d’arrière-saison.
  • La Renoncule tête d’or (renonculacée) :  elle est attractive pour l’abeille des ruches.
  • La Symphorine (caprifoliacée) : arbrisseau attractif qui produit des fruits blancs de la taille d’une cerise en fin de saison.
  • Le Marronnier (hippocastanacée) : il est déjà en fleurs dans cette deuxième quinzaine d’avril.
    Maronnier

    Marronnier en fleur
    By Jean-Michel Miessen[CC-BY-NC-3.0]

  • Le Frêne (oléacée) : en action de débourrement lors de la balade est pollinifère mais pas nectarifère.
  • Le Fusain d’Europe (célastrinée) : il fleurit abondamment mais il n’est pas visité par l’abeille. Il en est de même du chèvrefeuille.
  • La myrtille (éricacée) : c’est un arbrisseau sur sol acide (grès).
  • La luzule (joncacée) : plante des sous-bois très mésestimée et pourtant très attractive pour l’abeille.
  • La Ronce (rosacée) : c’est une plante emblématique, ’’ championne’’ en ressource alimentaire.  Le pollen de ronce est très intéressant pour la santé de l’abeille par sa teneur en polyphénol. L’apiculture se porterait mieux si nos jardins réservaient un espace pour un massif de ronces.
  • Le Sureau à grappes (caprifoliacée) : il se développe sur un sol acide. Il préfère l’altitude. Un peu odorant, il est très attractif par rapport aux fleurs du sureau noir que l’abeille ne visite pas.
  • La bourdaine (rhamnacée) : arbuste de sous-bois sur sol acide. Il est une source importante de nectar.

Au terme de cette diversité végétale nous pouvons dire qu’une forêt jardinée offre tout le potentiel des ressources alimentaires aux abeilles notamment si l’érable, le merisier et le tilleul sont bien représentés. Les ressources alimentaires pour l’abeille se trouvent principalement en milieu forestier où toutes les floraisons se concentrent jusqu’au trou de miellée. Ainsi le miel wallon peut contenir jusqu’à 40% de miellat fourni par le chêne.

Ensuite nous abandonnons cette zone boisée pour franchir un caillebotis qui donne accès à un large chemin agricole dont les rives ont été plantées d’érables dont les troncs ont été tronçonnés à mi-hauteur.

Puis nous faisons un bref détour sur une terrasse en balcon qui surplombe une ancienne carrière. Cette terrasse sur sol calcaire a été replantée d’if et de genévriers qui sont les deux gymnospermes indigènes de nos régions. Nous rencontrons aussi :

Ancienne carrière

Ancienne carrière
By Jean-Michel Miessen[CC-BY-NC-3.0]

  • La Carline (astéracée) :  c’est un chardon des milieux secs.
  • Le Cotonéaster (malacée) : c’est un petit arbuste exotique très attractif pour l’abeille qui doit être géré sur le plan environnemental étant donné qu’il est envahissant.

 

 

 

Enfin nous rejoignons le point de départ en empruntant un chemin qui longe le ruisseau d’Andenelle.

Nous remercions Eric Melin pour ses explications appropriées à la flore apicole rencontrée et Emile Gérard pour l’organisation de cette balade instructive et conviviale dans une région qui convient bien à la pratique de l’apiculture.

Louis Joveneau

(*) Les noms des familles sont ceux de la classification APGIII (Angiosperm  Phylogeny Group) qui est la classification botanique de référence publiée en 2009.

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