Balade floristique et apicole à Wanzoul

Par Louis Joveneau

Abeilles ! par la ruche et par votre art sauveur
O vous qui transformez de la fleur éphémère
Le parfum sans durée en durable saveur :
La fuite des printemps nous devient moins amère !

SULLY-PRUDOMME,

Ce dimanche 17 avril après-midi, Robert et Marie Leroy organisent la balade annuelle à la découverte de la flore mellifère du moment à Wanzoul.
Une quarantaine de personnes, apiculteurs, apicultrices, amis et amies de l’abeille sont présents pour entamer le parcours floristique sous un ciel tantôt partagé entre soleil et nuages prêts à crever en averse.

Le hameau de Wanzoul fait partie de l’entité de Wanze. Il se situe sur un point haut de la limite sud du plateau de la Hesbaye qui fait face à la vallée de la Mehaigne et à celle de la Meuse.

L’habitat rural se compose, outre de villas récentes en briques, d’anciennes bâtisses restaurées en moellons de calcaire provenant des exploitations de carrière de proximité et de quelques fermes en quadrilatère de bâtiments en briques.

Wanzoul Au pied du château de Vinalmont

Au pied du château de Vinalmont
By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-3.0]

Au gré des ruelles, d’un sentier longeant un vallon, de la traversée du parc du château de Vinalmont, notre guide Eric Melin partage ses observations et ses connaissances sur le potentiel nectarifère et pollinifère des plantes à fleurs sauvages et des espèces ligneuses rencontrées.

L'audience, très attentive

L’audience au départ, très attentive
By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-3.0]

Parmi les plantes de la végétation naturelle, des arbustes et des arbres mellifères en fleurs en ce début de printemps nous citons :

  • le taraxacum Dent-de-Lion (le pissenlit), (astéracée, syn. composée1) qui abonde en maints endroits. Considéré souvent comme le parasite de nos pelouses, il a une grande valeur nectarifère et pollinifère tant pour l’abeille mellifère que pour l’abeille sauvage,
  • l’odeur particulière du crocus (iridacée) renforce l’attractivité de l’abeille en cette période de l’année où les ressources en pollen et en nectar abondent peu,
  • les lamiers rouges et blancs (lamiacées) n’attirent pas l’abeille. Les bourdons les butinent déjà à une température de 6-7°,
  • le lierre terrestre ou glécoma hederacea2 (lamiacée) à ne pas confondre avec le lamier pourpre cité ci-dessus est très attractif pour les hyménoptères. Cette lamiacée sauvage qui fleurit plusieurs fois au cours de l’année est reconnaissable à ses fleurs violettes, à ses feuilles crénelées à festons arrondis et à ses tiges couchées sur le sol.
    Il y a lieu de noter que la couleur pourpre d’une plante n’est pas un gage attractif pour l’abeille,
  • les arbres fruitiers tels les pommiers (malacées), poiriers (malacées) et cerisiers (amygdalacées) sont visités par les abeilles malgré leur faible valeur nectarifère et pollinifère. Les pommiers et les poiriers sont rarement mellifères. Ces fruitiers fleurissent au début du printemps à un moment où les abeilles récoltent simultanément nectar et pollen suivant la règle du rendement et à un moment où il y a très peu de concurrence et d’attirance entre les plantes,
  • le saule marsault (salicacée), espèce dioïque dont les fleurs mâles en chatons remplis de pollen jaune d’or attirent l’abeille au printemps. Par contre, les fleurs femelles sont visitées uniquement pour la collecte du nectar,
  • Le gui

    Le gui
    By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-3.0]

    les boules de gui (santalacée), hémiparasite des arbres forestiers, fournissent la nourriture en période de disette compte tenu de leur longue durée de floraison,
  • le lierre grimpant (araliacée) a une haute valeur pollinifère. Sa floraison fin octobre fournit la dernière ressource en pollen de l’année. Ce lierre qui se fixe aux murs et aux arbres par des racines-crampon présente une hétérophylie avec des feuilles penta lobées sur les axes stériles et de feuilles entières, losangées sur les rameaux fertiles,
  • la floraison printanière du prunellier (amygdalacée 3) procure le pollen et le nectar floral à une période où les autres ressources en nourriture sont faibles,
  • Le groseillier sanguin

    Le groseillier sanguin
    By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-3.0]

    le groseillier sanguin (grossulariacée), arbuste d’ornement, est très visité par les butineuses. Par contre le forsythia (oléacée) ne l’est pas,
  • la ronce (rosacée) a une haute valeur pollinifère et nectarifère lors de sa floraison en juillet et en aout. Notre guide encourage la création d’un massif de ronces dans nos jardins pour l’abeille, le bourdon et le papillon,
  • le laurier-cerise (amygdalacée) originaire d’Asie est une espèce invasive qui se répand dans les milieux naturels et aux lisières forestières. Les nectaires extra-floraux à la face inférieure des feuilles secrètent un liquide sucré très attractif pour l’abeille domestique,
  • parmi les arbres citons la valeur pollinifère des fleurs du frêne (oléacée) et celles du chêne (fagacée) qui présentent un intérêt apicole pour la production du miellat,
  • la floraison du sureau (caprifoliacée) n’attire pas l’abeille des ruches mais d’autres insectes.

Wanzoul Château de Vinalmont

Autour du château de Vinalmont
By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-3.0]

A la fin de la balade Robert et Marie nous reçoivent dans la bonne humeur et la convivialité pour se désaltérer avec les différentes variétés de « Dorée » accompagnées de petits gâteaux. Ensuite, Robert se fait un plaisir de nous faire visiter ses installations apicoles.

Nous remercions chaleureusement nos hôtes pour l’organisation de cet après-midi et leur bon accueil.

Nous remercions aussi Eric Melin pour tous ses commentaires instructifs sur la flore rencontrée même si ceux-ci se rapportent toujours aux mêmes plantes et aux mêmes espèces ligneuses en fleurs à cette même période où la balade annuelle est programmée. Il vous est loisible de prolonger cette balade sur son site Botapi.jimdo.com.

A toutes et à tous merci d’être venus nombreux. Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous l’année prochaine pour un nouveau parcours floristique dans une autre contrée.

Louis Joveneau

Notes:
1. Les noms des familles sont ceux de la classification APG III (Angiospserm Phylonegy Group) qui est la nouvelle classification botanique de référence publiée en 2009.
2. L’appellation vernaculaire lierre terrestre (glechoma hederacea) n’a aucun lien avec les Araliacées.
3. Probablement une des familles les plus controversées, souvent incluse dans celle des Rosacées mais qui s’en distingue par le carpelle et l’ovule unique. Ouvrage consulté : « Les familles des Plantes à fleurs d’Europe – Botanique systématique et utilitaire« , page 99 et 183 (Presses universitaires Namur, 2013 – Philippe Martin).
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