« Au rucher » 2020-01

Par Sandrine Maon

En ce début d’année, certaines choses changent… Cette rubrique, par exemple… J’ai été très honorée que Michel me demande de prendre sa relève dans cet incontournable des revues apicoles, “les travaux de saison”. Je vais donc tenter de reprendre le flambeau, mais en veillant à ce qu’une chose ne change pas… Tout comme Michel, j’espère pouvoir vous guider au mieux dans les travaux à faire au rucher pour le bien-être de nos avettes, mais pour que nous puissions au mieux profiter de tout ce qu’elles ont à nous apporter…

En janvier, les jours sont courts, il fait froid. Les abeilles sont dans leur période de grand repos.

Un petit jour de soleil voit les abeilles sortir pour se délester de leurs excréments, mais elles sortent peu car l’air n’est pas encore réchauffé.

La colonie vit au ralenti. Les abeilles sont serrées en grappe, avec la reine au centre, où il fait le plus chaud. La grappe d’abeilles voyage d’un bord à l’autre de la ruche en fonction des réserves, mais aussi en fonction des températures. Les journées bien ensoleillées réchauffent la ruche et permettent à la grappe de se déplacer entre les cadres de la ruche. Si le soleil ne sort pas, les colonies peuvent plus vite mourir de faim alors qu’il y a de la nourriture de l’autre côté de la ruche.

A la fin du mois, la chaleur revient un peu, les jours sont plus longs et les abeilles trouvent un peu de pollen. Si ces conditions sont réunies, la ponte de la reine peut reprendre.

Au niveau des floraisons, on retrouve le noisetier, mais son pollen n’est pas de grande qualité et ne peut pas toujours être utilisé par les abeilles à cause de la météo. Il joue alors plutôt le rôle de plante indicatrice.

Que faire, en tant qu’apiculteur, pendant ce mois de janvier ? Tout d’abord, s’il n’a pas été fait à la fin du mois de décembre, il faut prévoir un traitement à l’acide oxalique afin de diminuer au maximum la pression du varroa pour le début (et donc la suite) de l’année. Ce traitement doit se faire idéalement avant la reprise de la ponte. C’est le seul moment où on pourra envisager d’ouvrir la ruche à cette période. Les colonies doivent être dérangées au minimum.

Si le risque est là, il faut prévoir de nourrir les abeilles en leur offrant du candi au plus près de la grappe. Il faut prévoir que les abeilles vont manger entre 50 et 70g de miel par jour. Il est important que l’apiculteur surveille les réserves de sa colonie. Ce serait dommage de perdre une colonie un peu plus gourmande que les autres.

Lors des belles journées, on peut également surveiller la planche de vol. S’il y a beaucoup de déjections, il faut se méfier de la nosémose.

En cas de neige, l’apiculteur doit dégager la planche de vol, afin de garantir l’entrée d’air dans la ruche, mais également permettre aux abeilles de sortir les cadavres. Afin d’éviter que les abeilles ne sortent de manière intempestive quand il y a de la neige et du soleil, on peut mettre une tuile en oblique devant l’entrée de la ruche. Il ne faut, par contre, pas dégager le toit car la neige est un bon isolant.

Pour ceux qui laissent les tiroirs sous les ruches ouverts pendant l’année, on peut envisager de les fermer dans le courant du mois de janvier. Cela permettra de garder au maximum la chaleur lors de la reprise de la ponte de la reine. Quand la ponte reprend, on pourra parfois sentir de la chaleur monter à travers le couvre-cadre, mais si on ne sent rien, il ne faut pas non plus paniquer. La ponte peut être faible. Il est important en tous cas de ne pas ouvrir la colonie et de ne pas la déranger.

Les mois d’hiver sont aussi l’occasion pour l’apiculteur d’aller travailler à l’atelier, plutôt qu’au rucher. C’est le moment de nettoyer, désinfecter, réparer et repeindre son matériel. On peut aussi, si cela n’a pas encore été fait, refondre, nettoyer et désinfecter les cadres. Lors de la fonte des cadres, pensez à les séparer en fonction de la qualité des cires. On fond d’abord la cire de première qualité (opercule), ensuite on fond la cire de cadre de hausse et on pourra en faire (faire faire) des cires gaufrées. Pour les cires de cadres, on les fond pour en faire des bougies ou de l’encaustique car elles peuvent contenir des résidus des traitements chimiques. Récupérer ses cires permet de savoir ce qu’on met dans sa ruche et ce qu’on offre à nos abeilles.

Au rucher, l’apiculteur peut en profiter pour faire l’entretien des abords et autour des ruches. Il faut également aller régulièrement vérifier si une branche ne menace pas les ruches, si un toit n’est pas renversé, si une paroi de ruche n’est pas attaquée par un pic, si tout est bien arrimé pour résister au vent. Il faut penser qu’une ruche lourde en octobre s’est déjà bien allégée et peut donc être plus sensible aux vents.

Les mois d’hiver sont aussi la période favorable pour le déplacement des ruches de plusieurs mètres dans le rucher. On le fait quand les abeilles ont été confinées par la météo pendant 6 à 7 jours. Le déplacement doit se faire avec le plus grand soin afin d’éviter les chocs et les bruits qui pourraient disloquer la grappe et signifier la mort de la colonie.

Le mois de janvier est idéal pour prévoir l’année à venir, afin que tout soit prêt au moment où on en aura besoin…

L’apiculteur peut aussi profiter de ces mois froids, humides et gris pour se cultiver et lire les revues apicoles qu’il n’a pas eu le temps de lire.

Le mois de février est un mois court, le plus court, mais aussi le pire. Le froid est souvent fort intense, les abeilles consomment beaucoup et s’il y a des journées chaudes, elles peuvent perturber fortement les colonies.

Comme en janvier, il faut surveiller le nourrissement de la colonie. Il faut nourrir au candi, car il fait trop froid pour donner du sirop. Ce dernier ne sera donné qu’en mars-avril, quand les températures sont supérieures à 13°. On surveillera principalement les colonies les plus faibles. On peut donner du candi protéiné pour stimuler les colonies. Ce candi protéiné peut aussi être réalisé soi-même en ajoutant 3 à 5% de farine de pois déshuilée ou de la levure de bière lyophilisée à du candi tout fait.

Si les abeilles peuvent sortir, elles iront chercher du pollen afin de stimuler la reprise de la ponte

On dit généralement qu’il faut nettoyer les hautes herbes au rucher, mais on peut aussi envisager une gestion un peu plus « sauvage » qui laissera pousser des hautes herbes (ou de grandes fleurs) devant les ruches. Ces herbes vont gêner le frelon qui attaquera moins les ruches. Les abeilles s’y habitueront et trouveront un chemin pour rentrer à la ruche. Il est par contre intéressant d’entretenir et de désherber (paillage, par exemple) les lieux où l’apiculteur va passer.

Au niveau des floraisons, on retrouvera les premiers bulbes printaniers, comme les perce-neiges et les crocus, qui apporteront du pollen de qualité et un peu de nectar aux abeilles.

Après les opérations de nettoyage du matériel au mois de janvier, au mois de février, on peut commencer à cirer ses cadres pour que ces derniers soient prêts le jour où on en aura besoin. Attention de bien conserver ces cadres hors d’atteinte des rongeurs, qui en feraient grand festin et les souilleraient définitivement.

Si c’est ce qu’il veut faire, l’apiculteur peut aussi se préparer pour l’élevage des reines : revoir la théorie, prévoir son planning, son matériel, pour que tout soit prêt au printemps.

En ce mois de février, un des travaux les plus importants de l’apiculteur est la surveillance régulière du rucher. Vérifier comme en janvier si tous les toits sont en place, voir si un pic n’est pas passé par là, …. S’il y a quelques belles journées, il faut observer les planches de vol pour avoir une idée de l’état des ruches : si du pollen rentre, tout va bien. Si l’activité est réduite, cette ruche sera à surveiller. Elle a des difficultés. Le diagnostic sera fait en mars. S’il n’y a pas d’activité du tout, la colonie est peut-être morte. Si l’entrée est souillée, il faudra faire attention à la nosémose. Il faut en tous cas être patient avec les ruches inactives. Dans tous les cas, il faut éviter d’ouvrir les ruches. Tout refroidissement sera préjudiciable.

En février un beau temps trop précoce n’est pas à souhaiter. Les colonies redémarreraient alors avant l’heure et ne supporteraient pas toutes un retour brutal du froid (famine, principalement). Une ou deux belles journées sont par contre propices aux vols de propreté des abeilles. Lors d’une belle journée, l’apiculteur peut aussi envisager de nettoyer les plateaux des ruches. Le plus simple est d’avoir un plateau de réserve que l’on met en dessous de la ruche avant de nettoyer l’ancien qui se retrouvera sous la ruche suivante.

Bon travail en attendant le mois de mars…

Sandrine Maon

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