« Au rucher » 2019-07

Par Michel Smet

Votre récolte de miel de printemps est à présent terminée. 2019 restera une mauvaise année à miel pour ce qui concerne le printemps. Pour anecdote, je me suis laissé dire que certains apiculteurs connus et reconnus n’avaient fait que 5 kg de moyenne à la ruche. Cela me rappelle le temps ou je possédais du « tout venant » et réalisais une récolte moyenne annuelle de 15 kg à la ruche. Heureusement, ce temps là est révolu. Et je ne vous parle pas du caractère amitieux de mes abeilles de l’époque qui tenaient absolument à me raccompagner jusqu’a la porte de la maison… Honnêtement, je ne saurais plus travailler dans des abeilles agressives qui rendent les opérations de conduite trop difficiles et les voisins mécontents.

Mais revenons à nos moutons! Nos colonies ont subi un retour de manivelle avec les pluies et le mauvais temps qui a succédé à la récolte de printemps. Ceux qui ont « tout ramassé » ont très certainement perdu des colonies de faim avec les pluies nombreuses qui empêchaient les avettes de récolter nectar et pollen. Nous le signalons chaque année pendant les cours: il faut laisser du miel dans les colonies pour le passage du « trou » de miellée entre le printemps et l’été. Celui qui vole tout finit par perdre tout. Si vous remarquez que vos colonies souffrent de la faim, il faut immédiatement retourner un pot de miel dur sur le trou de nourrissement prévu dans le couvre cadres. Pourquoi du miel? Et bien tout simplement parce que les hausses à miel sont placées sur les colonies pour la récolte d’été, donc interdiction de nourrir avec du sucre qui se retrouverait inéluctablement dans les cadres à extraire, et finalement dans les pots. Il faudra surveiller l’état des peuples et rendre éventuellement d’autres pots de miel si la miellée d’été tarde à arriver. Il en va de la survie des colonies.

Dès que les choses rentreront dans l’ordre, nous pourrons alors porter toute notre attention sur la miellée d’été, avec la floraison des ronces, mais surtout des tilleuls, qui cette année donnent beaucoup de nectar. Quatre à 5 hausses par ruche ne sont pas choses rares à l’heure ou j’écris ces lignes.

Question extraction, il faudra attendre l’operculation totale des cadres avant de la réaliser afin de récolter un miel suffisamment sec, autour des 17 à 18 % d’humidité. Cette extraction se fera aux alentours du 21 juillet, date à laquelle toutes les hausses seront retirées afin de nous attaquer le plus vite possible au combat de notre ennemi juré: le varroa. Soit les rubans diffusant la molécule seront employés, soit les reines des colonies seront isolées en cagettes pendant une durée de 27 jours, afin que les colonies ne possèdent plus aucun couvain, ni ouvert ni operculé. Les varroas phorétiques présents sur les abeilles sont alors facilement atteignables par un traitement à l’acide oxalique ou Varromed. On libère alors les reines des colonies qui s’empressent de recommencer à pondre afin d’élever les abeilles grasses d’hiver qui rejoindront le printemps suivant. Pour mémoire, lorsque 5 varroas sont présents dans la ruche en janvier, ce ne sont pas moins de 5000 vampires qui affaibliront vos abeilles en juillet. La lutte contre varroa doit toujours être dans nos esprits, tout au long de l’année. Dès que l’on constate une anomalie dans une colonie, on doit retirer les hausses à miel et procéder à un traitement à l’acide oxalique. Ceux qui s’endorment sur leurs lauriers finiront tôt ou tard par perdre leurs colonies. Et c’est le cas chaque année, sans vous parler du foyer à varroas qu’ils  représentent pour les apiculteurs qui font l’effort de bien traiter leurs peuples. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je m’oppose farouchement à la détention d’une ruche « au fond du jardin »  qui finit toujours par mal tourner par manque de soins et d’attention.

Le soin le plus attentif sera aussi apporté au nourrissement des peuples par un apport de sirop de qualité, soit réalisé au moyen de sucre cristallisé dissout dans la quantité appropriée d’eau, soit le sirop tout fait sera acheté dans le commerce en bidons de 10 litres. Personnellement, je donne deux bidons de sirop « fait maison » à chaque colonie (voir la recette dans la revue). Cela correspond à 15 kg de sucre sec. C’est en général la quantité nécessaire pour faire passer l’hiver aux colonies. Le premier bidon sera distribué entre fin juillet et fin aout, pour relancer la ponte des reines. Le second bidon est donné en septembre. Cette façon de faire me permet de ne pas engorger le nid à couvain en juillet et évite aussi que le second bidon ne soit transformé en « viande » trop tôt. Il faut élever des abeilles grasses d’hiver, mais progressivement, pas tout en une fois!

Nous reparlerons de tout cela après les vacances, que je vous souhaite bonnes et agréables. Profitez bien du beau temps!

Michel Smet

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