« Au rucher » 2019-05

Par Michel Smet

Après avoir bénéficié de chaudes températures en février, un coup de froid est réapparu courant du mois de mars, et il fallait bien s’y attendre. Au sein des colonies, la ponte de la reine s’est retrouvée freinée dans son élan fougueux de février. Conséquences: les peuples se retrouvent avec beaucoup de couvain operculé, mais moins de « viande » pour s’en occuper. En effet, les abeilles grasses d’hiver disparaissent petit à petit mais un peu trop tôt pour que la jonction entre nouvelles abeilles et abeilles d’hiver se passe dans la bonne logique. Cause: le beau temps de février a épuisé les dernières abeilles de 2018 par ce beau temps trop précoce. Finalement, comme le veut le proverbe, quand février fait mars, mars fait février. Entendez par là que le beau temps trop hâtif se paye toujours par la suite.

Devant attendre l’éclosion massive du premier couvain, c’est finalement fin mars que la première hausse à miel aura été placée sur les colonies les plus fortes, après avoir donné un à deux cadres de corps à bâtir afin de renouveler le nid à couvain, prophylaxie oblige. Pour anecdote, la plus forte de mes colonies a bâti ces deux cires gaufrées Dadant de corps placées en rive en 24 heures. Les cadres ont d’ailleurs été placés au centre du nid dans la foulée afin d’être pondus par la reine. En effet, si on les laisse sur les côtés, pollen et nectar remplissent directement ces nouveaux cadres, et le but à atteindre est alors raté. On loupe alors l’objectif qui est le renouvellement des cadres contenant le couvain. Quelques jours plus tard, je plaçais une première hausse à cette forte colonie car le volume d’abeilles gonflait à vue d’œil. Personnellement, je ne tiens jamais compte des températures extérieures pour placer les hausses à miel; seul le volume d’abeilles présentes (et à venir: nombre de cadres de couvain operculé naissant) dans la colonie me guide dans ma décision.

Pour rappel, un cadre de couvain naissant fournit les abeilles qui occuperont 2,5 cadres. Faites donc vos comptes et vous verrez que placer une hausse quand 8 ou 9 cadres de couvain naissant sont présents dans le corps de ruche est nettement insuffisant. On court alors inexorablement vers l’essaimage des peuples, fléau de l’apiculture d’aujourd’hui. En effet, quand une colonie essaime, on perd les abeilles de l’essaim la plupart du temps, la reine qui menait la colonie, une partie de la récolte, et bien souvent, les abeilles des essaims successifs qui sortiront par la suite. En résumé, que des problèmes.

Nous serons donc très vigilants lors des visites et n’hésiterons pas à donner du travail à nos abeilles, et toutes nos abeilles, les butineuses qui ramènent nectars et pollens, mais aussi et surtout aux cirières qui, pour rappel, passent obligatoirement par le stade de « sécrétrices » de cire et doivent trouver de quoi se sustenter dans la colonie. En résumé: faites bâtir des cadres à vos abeilles, elles vous le rendront au centuple.

En présence de reines de qualité, bonnes pondeuses, et à condition que le temps et les fleurs soient de la partie, il n’est pas rare de voir les colonies les plus fortes nanties de 4 ou 5 hausses, surtout si des apports de masse comme le colza sont présents aux alentours du rucher. Evidemment, cela fait un gros paquet de matériel à posséder, stocker et entretenir, mais c’est le prix à payer si on veut réussir.

Deux écoles sont possibles pour la récolte du miel:

  • soit on empile les hausses les unes sur les autres en plaçant toujours la vide sous les pleines, et on récolte tout en une fois,
  • soit on extrait la ou les hausses pleines au fil de la récolte dès que le miel est operculé au ¾.

Prenez la peine de mesurer son taux d’humidité car il n’est pas rare de trouver du miel operculé titrant 21 % d’humidité. Dans ce cas, il faudra déshumidifier les hausses avant de les extraire afin d’arriver à 17 %. Il en va de la conservation du miel. Pour rappel, le taux d’humidité maximum admis par la loi est de 20 %. Après extraction, le miel sera travaillé comme il se doit, et malaxé matin et soir afin de le rendre crémeux et tartinable. Si vous avez récolté du miel de colza, il sera fin par défaut, mais dur! Un malaxage bien mené le rendra souple à souhait. Si aucun colza n’est récolté, vous pourrez ensemencer votre récolte avec 10 % de miel fin et souple que vous aurez conservé du printemps dernier. Cette « semence » induira la cristallisation souple et fine à votre récolte et vous obtiendrez alors un miel crémeux et tartinable.

Honey Creamer

Autre manière de faire: réaliser le malaxage du miel dans un appareil Honey Creamer de la marque Lyson. Cet appareil tourne ¼ d’heure toutes les heures et réalise une cristallisation parfaite avant la mise en pots. Il en existe de toutes les tailles et même qui peuvent s’adapter dans un maturateur classique. Personnellement, j’en ai acquis un en 2018, et ce n’est que du bonheur.

Je vous souhaite une bonne récolte de miel et beaucoup de plaisir lors de la visite de vos colonies.

Michel Smet

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