Par Michel Smet
Nous arrivons tout doucement à la fin de cette année 2018, et l’activité au rucher décroit pour arriver, fin décembre à zéro. Mais avant les fêtes de fin d’année, il nous faudra encore faire quelques travaux afin de finaliser la mise en hivernage des colonies. Tout d’abord, fin octobre, retirer les inserts de traitement contre la varroase, si du moins, on a opté pour ce type de traitement. Au moment où j’écris ces lignes (21 octobre) des surfaces non négligeables de couvain operculé sont encore présentes dans les peuples. Cela signifie clairement que les derniers varroas présents dans la colonie sont emprisonnés dans ce couvain operculé. Si les inserts sont déjà retirés depuis un certain temps, rien n’empêche la réinfestation des peuples qui, alors qu’ils commencent à peine l’hivernage, vont devoir subir les piqures de ces vampires, et ce jusqu’au développement printanier. C’est la raison pour laquelle nous devons impérativement réaliser un traitement à base d’acide oxalique mi-décembre afin de liquider les tous derniers varroas et démarrer la saison le plus « clean » possible. C’est impératif!
Nous pratiquerons ce traitement vers la mi décembre à une température d’au moins 5 degrés en utilisant le produit liquide Varromed ou une solution de sirop de sucre 50/50 dans laquelle on dissout de l’acide oxalique (voir recette dans la revue précédente). Cette solution sera dispersée via une seringue directement sur les abeilles présentes dans les ruelles entre cadres. La solution sera, si possible, tiédie (25°C) préalablement afin de ne pas refroidir les abeilles hivernantes. Le couvre cadre est alors replacé sur une feuille de plastique, suivi des coussins d’hivernage et de la toiture. En résumé, tout sera remis en place pour que l’hivernage des colonies se passe au mieux. Les tiroirs peuvent être laissés en place ou être retirés car comme on le sait, les peuples ne craignent pas le froid à partir du moment ou il n’y a pas de couvain, qui lui réclame 36 ° C. Si les comptages varroas sont réalisés toute l’année, il faudra bien sûr les laisser en place été comme hiver! Les trous de vol seront réduits afin d’éviter l’entrée de souris ou autres musaraignes dans les ruches.
Côté atelier, on pourra remettre tout le matériel en état, à commencer par les cadres ayant été fondus, lavés et séchés. Il arrive parfois qu’il faille retendre un peu les fils et même les remplacer s’ils sont cassés (cas rare). Ne pas tendre trop fort les fils, ce qui provoquerait la déformation des lattes de bois et empêcherait le bon placement des feuilles de cire gaufrées dans les cadres. Pour souder les feuilles de cire, on utilise un transformateur de courant, courant que l’on fait passer au travers des fils qui de ce fait chauffent et fondent la cire. Une fois le courant coupé, la cire se solidifie autour des fils et le tour est joué. On peut aussi utiliser un chargeur de batterie. Pour rappel, bâtir des cadres est un besoin physiologique éprouvé par les abeilles cirières. Il est donc indispensable de faire construire des cadres par les ruchées, non seulement pour assouvir le besoin des cirières, mais aussi pour la prophylaxie de la ruche et la lutte contre l’essaimage! Donnez du travail à vos abeilles, elles en ont besoin!
L’hiver est aussi la bonne saison pour lire les ouvrages apicoles afin de renforcer vos connaissances et faire avancer le « chmilblic« , comme on dit. Restons humbles et acceptons qu’en tout temps, les abeilles nous en remontrent. L’hiver nous donne aussi l’occasion de faire des balades pendant lesquelles nous observerons les endroits sur lesquels nous pourrons placer des plantes mellifères salutaires à nos avettes. Le saule marsault mâle fournira le premier pollen de qualité aux colonies afin de relancer la ponte des reines au printemps. Il en va de même des crocus, perce-neige, etc…. La plantation de plantes pollinifères et mellifères fait aussi partie de l’apiculture car sans fleurs, pas de récolte. De plus, ce que nous plantons procure des ressources exemptes de produits phytosanitaires, donc, que du bon! On devrait se tracasser de planter partout où c’est possible; il n’y a jamais assez de ressources de bonne qualité. Alors, profitons de la journée de l’arbre organisée dans les différentes communes pour nous procurer des plantes intéressantes pour nos abeilles. De plus, ces plantes peuvent participer à faire rentrer quelques euros dans le ménage en produisant des fruits que nous pourrons vendre; je pense au pommier, poirier, prunier, cerisier, etc….. Les fruits de qualité sont recherchés de nos jours.
Au niveau des cires, apportez vos pains obtenus après refonte de vos cadres; votre ASBL vous propose de les gaufrer à prix modique afin de les récupérer sous forme de feuilles que vous pourrez placer dans les cadres et faire bâtir au printemps. Méfiez-vous plus que jamais des cires du commerce qui sont de plus en plus frelatées par ajout de toutes sortes de produits, afin de gonfler les volumes. Ne faites confiance qu’à vous-même quand c’est possible. Nous vous garantissons le retour de vos propres cires….et c’est précieux. Pensez aux personnes qui réalisent ce gaufrage à façon pendant l’hiver et évitez d’amener de la cire à gaufrer en saison car, comme vous le savez, à cette période de l’année, nous avons d’autres chats à fouetter.
Si vous avez décidé d’augmenter votre cheptel, c’est aussi le moment de peindre les nouvelles ruches afin que tout soit bien sec le printemps arrivé. Etre apiculteur, c’est prévoir, devancer les besoins des peuples, que ce soit en nourriture comme en matériel. Quand la saison commence, on est souvent surpris de voir à quel point les colonies peuvent se développer très vite, alors, ne nous laissons pas piéger bêtement, et prévoyons, prévoyons….
Je terminerai la rubrique de cette année 2018 en vous souhaitant de très bonnes fêtes de fin d’année et une excellente année apicole 2019, et surtout que le miel coule à flots!
Michel Smet
A relire: « Au rucher » novembre-décembre en 2017.
