« Au rucher » 2017-07

Par Michel Smet

Nous voici donc déjà arrivés à la fin de la saison apicole avec l’extraction du miel d’été qui pointe le bout de son nez. Elle sera effectuée au plus tard le 21 juillet afin de pouvoir réaliser un traitement efficace contre le fléau que nous connaissons depuis 35 ans déjà, la varroase. A ce sujet, une nouvelle méthode de lutte vient d’être mise en place avec l’apparition de la cage Scalvini qui permet un isolement de la reine pendant 24 jours tout en permettant à cette dernière de pondre. Quel est le principe de fonctionnement de ce système? Il se base sur le fait que nous savons depuis longtemps qu’une colonie qui ne possède plus aucun couvain operculé est facilement traitée par l’acide oxalique qui tue la totalité des varroas présents sur les abeilles. C’est sur ce principe que se base ce traitement: laisser la reine pondre dans une cagette spéciale pendant 24 jours, cagette qui de par sa conception, laisse pondre la reine, mais empêche le couvain d’arriver à terme. La reine encagée peut donc continuer de pondre pendant les 24 jours de son encagement, ce qui favorise sa reprise de ponte en masse après son encagement. Parallèlement à cela, tous les cadres du corps se libèrent de leur couvain au fur et à mesure des naissances, ce qui, après 24 jours, permet un traitement optimal du peuple et une extermination complète des varroas phorétiques présents dans la ruche.

Inconvénient: la reine de la colonie doit obligatoirement être recherchée, et surtout trouvée afin de pouvoir être encagée pour 24 jours. C’est lors d’une telle recherche de la reine que les apiculteurs qui possèdent des abeilles douces apprécieront ce caractère amical de leurs avettes…. Pour ceux qui cultivent des lions, je leur souhaite bien du plaisir …

Varroa phorétique (transporté, et donc non abrité sous une opercule)
By Waugsberg [CC BY-SA 4.0], via Wikimedia Commons

Les traitements dits « chimiques » sont toujours disponibles bien entendu, car il faut bien admettre qu’encager les reines de 3 ou 4 colonies ne présente pas un gros travail, mais pour un professionnel qui conduit plusieurs dizaines voire centaines de colonies, cela devient un travail très lourd.

Pour toute commande, veuillez vous référer à votre vétérinaire qui pourra vous fournir une prescription vétérinaire afin de vous procurer le traitement chez votre pharmacien.

Un nouveau traitement vient d’être mis sur le marché par la firme Bayer: Polyvar Yellow à base de fluméthrine. Les abeilles passent au travers d’une portière placée à l’entrée de la ruche et se chargent de particules de matière active. Attention que ce produit est incompatible avec le tau fluvalinate contenu dans les rubans d’Apistan; toujours bon à savoir … Pour le reste, Apivar et Beevital Hive Clean sont toujours disponibles sur le marché, ainsi que les traitements à base de thymol.

Quel que soit le traitement pour lequel vous opterez, le principe de base reste le même: éliminer les varroas présents dans la colonie afin qu’elle puisse élever des abeilles saines capables à leur tour d’élever les abeilles grasses d’hiver qui se retrouveront dans les peuples au printemps suivant. C’est bien là votre plus grand souci qui arrive juste après la récolte du miel d’été. Celui qui négligera ce traitement de longue haleine de lutte contre varroa perdra ses colonies, cela ne fait plus l’ombre d’un doute. Entre 10 et 12 semaines de traitement continu sont indispensables pour atteindre le but recherché: élever des abeilles en bonne santé pour passer la période des grands froids. Plus tôt on le commence, plus vite on obtient des abeilles en bonne santé. Fini donc de retirer les hausses de miel fin août, comme certains le font encore; c’est de la folie furieuse car le temps restant avant l’arrivée du froid est d’office trop court pour réaliser un traitement valable et atteindre le but recherché.

Après l’extraction du miel d’été, les cadres seront triés: ceux contenant du pollen seront écartés et fondus dans la chaudière à vapeur plus tard. Les beaux cadres seront rangés telles qu’elles dans le congélateur ou l’armoire réservés à cet effet, sans être reléchés, et ce afin d’éviter tout risque de pillage. Je conserve tous mes cadres de cette façon depuis plus de 35 ans sans aucun problème.

En ce qui concerne le miel d’été, si vous désirez un miel fin et frigotartinable, je vous conseille vivement de procéder à un ensemencement avec 10 % de votre miel de printemps, fin et onctueux. Ce procédé vous donnera un miel d’été aux qualités équivalentes à celui de printemps qui a servi à l’ensemencer. Que des points positifs avec cette façon de faire qui évite aussi les nombreux malaxages requis d’ordinaire pour le miel d’été qui, on le sait, cristallise « à gros cristaux » si rien n’est fait pour contrecarrer cet état des choses.

En cette fin d’année apicole, le remplacement des reines posant problème pourra être effectué idéalement après le traitement contre le varroa. Jouer à la roulette russe en gardant des reines douteuses dans ces colonies de production n’est pas chose à faire car cela peut mettre en péril et hypothéquer la future récolte à venir. Attention, n’attendez pas trop tard pour réaliser cette opération afin que la reine introduite puisse pondre pleinement avant l’arrivée des premiers grands froids.

Une chose doit, en cette période de l’année, attirer toute notre attention, c’est la lutte correcte contre ce vampire qu’est le varroa; c’est essentiel pour la survie de nos avettes. Je sais, je me répète, mais j’ai mes raisons d’insister sur ce traitement de longue haleine qui doit être réalisé dans les meilleures conditions. A bientôt.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » juillet-août en 2016.

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