« Au rucher » 2017-05

Par Michel Smet

Revenons au placement des greniers à miel. Comme dit précédemment, la hausse vide que l’on ajoute sera toujours placée juste au dessus de nid à couvain et donc sous les hausses déjà occupées, et ce afin de soulager les avettes dans leur tâche de stockage. C’est une question de bon sens. Evidemment, cela nous oblige à soulever les hausses pleines et lourdes afin de placer la vide en dessous; et c’est là que les opinions divergent entre ceux qui veulent travailler et les plus paresseux d’entre nous qui placeront la hausse vide sur les pleines! Un non sens!

Mais comment allons nous faire pour effectuer l’extraction du miel de printemps? Nous savons qu’une colonie possédant une reine de qualité, si elle est bien menée, peut produire, si elle a à sa disposition de nombreuses fleurs à butiner, 4 à 5 hausses Dadant de miel. Où allons-nous repousser les abeilles occupant ces hausses? Voilà une bonne question. D’emblée, ce qu’il ne faut certainement pas faire, c’est repousser le tout dans le corps de ruche seul. Ce serait courir à l’essaimage directement. Repousser plusieurs milliers d’abeilles dans le volume du corps est de la folie. Et pourtant, je connais des apiculteurs qui opèrent de la sorte. Ce qu’il faut faire, c’est adapter le volume de la ruche en fonction de ses habitants. Pour ce faire, il nous faut un volume important de matériel, à savoir de hausses mais aussi de cadres, bâtis et de cire gaufrée.. Personnellement, voilà comment je pratique: le moment venu de l’extraction, j’équilibre mon rucher en plaçant les hausses issues des plus fortes colonies sur les plus faibles. Par exemple, une colonie qui possède 5 hausses se verra amputées de 3 hausses qui iront rejoindre les colonies qui ne possèdent qu’une voire 2 hausses. En effet, il est vain de vouloir garder des ruchées hyper fortes alors que d’autres peuvent accepter un ajout de viande. Mes colonies sont alors équilibrées et je place les plateaux chasse abeilles non pas sur le corps de ruche directement mais bien sur une hausse vide contenant pour part, des cadres bâtis et des cadres de cire gaufrée. En résumé, la ruche se compose du corps à couvain, puis une grille à reine, suivie d’une hausse vide de miel, puis du plateau chasse abeilles et finalement les hausses à extraire. Comme je travaille en Dadant, un surplus de miel se trouve toujours placé dans les cadres de corps mais attention qu’il faut le vérifier quand même car il arrive que de très fortes colonies possèdent le corps de ruche rempli de couvain sans plus aucune réserve de nourriture. Dans ce cas, je place quelques cadres de miel dans la hausse vide placée sur le corps. Ce « détail » est très important, surtout pour ceux qui travaillent en ruches divisibles car pour eux, toute la nourriture se trouve toujours dans les hausses et rien dans le corps à couvain. Surtout donc ne pas oublier de laisser un volant de nourriture à vos colonies pour traverser le « creux de miellée » qui se fait sentir chaque année plus ou moins fort entre la miellée de printemps et celle d’été.

Combien de temps faut-il laisser le chasse abeilles sur les colonies? En règle générale, une douzaine d’heures suffit pour vider les hausses de leurs abeilles. En gros, si vous placer les chasse abeilles vers 20 heures, vous pouvez retirer les hausses le lendemain vers 8 heures. Attention que pour bien fonctionner, il ne faut aucun couvain présent dans la hausse à extraire; on sait effectivement que les abeilles n’abandonnent jamais le couvain. D’où l’intérêt d’utiliser des grilles à reines de bonne qualité.

Autre option si on ne possède pas de matériel en suffisance: fractionner la récolte du miel après équilibrage des colonies par la répartition des hausses de miel. Ici, on se bornera à extraire le miel « hausse par hausse » afin de ne pas engorger les nids à couvain par un surplus d’abeilles dû au refoulement des avettes hors de la hausse à extraire. C’est faisable mais signifie que l’extraction sera répartie dans le temps et que si vous ne possédez pas une miellerie permanente, vous allez encombrer la cuisine pendant plusieurs jours et madame risque de ne pas apprécier.

Pour ma part, j’extrais tout en une fois afin de « souffler » ce travail assez lourd il faut bien le reconnaître. Les cadres extraits sont triés, et ceux qui possèdent du pollen retournent directement dans les hausses des peuples pour la récolte du miel d’été. Les autres retournent dans l’armoire de stockage (vieux congélateur) et serviront pour la miellée d’été ou si elle est minime, seront réutilisés pour la miellée de printemps de l’année suivante. Comme je ne fais jamais lécher mes cadres, ils sont alors mis à place dans la foulée de l’extraction. Jamais de fausse teigne si aucun pollen présent dans les cadres stockés.

Le miel extrait sera filtré, puis malaxé dans les règles de l’art en maturateur de 40 kg. Par la suite, il sera réchauffé à maximum 36° C pendant quelques heures, remalaxé, mis à reposer 3 jours à 26-28 ° C pour laisser remonter l’écume puis finalement mis en pots. On obtient alors un miel qualifié de « frigotartinable ». Et c’est bien ce que demande la clientèle d’aujourd’hui. Et comme le client est roi…
Michel Smet

A relire: « Au rucher » mai-juin en 2016.

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