« Au rucher » 2017-01

Par Michel Smet

En ces mois d’hiver, le plus grand calme devrait régner au sein du rucher. En effet, les colonies d’abeilles sont formées en grappes serrées depuis plusieurs semaines, et tout dérangement intempestif serait malvenu. Pas de coups brusques, pas de chocs, rien qui risquerait de provoquer la dislocation des abeilles hivernantes. Ceci dit, le traitement de contrôle des colonies quant à la présence de varroas devra être réalisé si cela n’a pas été fait à la mis décembre. Deux possibilités s’offrent à vous: l’utilisation d’un sirop de sucre additionné d’acide oxalique, ou la diffusion de l’acide oxalique par sublimation via une cuillère chauffante du type Varrox. Comment choisir la méthode? Le choix n’est pas très compliqué: si les abeilles sont formées en grappes car les températures sont basses (aux alentours des 5 ° C), j’opte pour la méthode liquide qui est bien dissipée entre les abeilles par trophallaxie. Le sirop sera maintenu à environ 30°C et distribué sur les abeilles situées dans les ruelles entre cadres. Cette façon de faire évite la dislocation de la grappe et par la même, la perte par le froid de nombreuses abeilles. Pour rappel, la température dans la ruche est proche de la température extérieure!

Si le temps est clément et que les abeilles sont dispersées partout dans le ruche, je réalise le traitement par sublimation car alors, les vapeurs d’acide sont bien réparties sur toutes les abeilles présentes dans les peuples.

Le traitement réalisé, un comptage des varroas sera effectué 24 heures après afin de connaître l’état sanitaire des colonies. Il est évident que moins il y a de varroas dans le peuple, mieux il se porte. A ce moment de l’année, un seul objectif est de mise: diminuer un maximum la pression du varroa afin que la colonie redémarre la saison en toute sérénité.

Pour le reste, on profitera de ce traitement pour contrôler la présence de nourriture qui doit se trouver à proximité immédiate des abeilles afin qu’elles ne meurent pas de faim tout en ayant un surplus de provisions un peu éloigné. On assiste alors à la disparition des colonies par la faim alors qu’il y a de la nourriture à gogo. D’où l’intérêt de resserrer les colonies sur un nombre de cadres qu’elles peuvent occuper lors du nourrissement de fin de saison.

Pain de candi

Pain de candi sur une colonie de petite taille
By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-3.0]

Dans le courant de février, un nouveau check up des provisions sera réalisé, sans ouvrir les colonies, mais simplement en les soupesant. Si on a un doute, on leur donnera un kilo de candi, soit sur le trou de nourrissement présent dans le couvre cadres, soit en plaçant le candi préalablement réchauffé directement sur la partie supérieure des cadres, en couche mince, avant de replacer le couvre cadre et l’isolation de ce dernier. Cette façon de faire est la meilleure car les abeilles ont un accès direct au candi, où qu’elles soient. Vous me direz que l’apiculteur qui a bien réalisé la mise en hivernage de ses colonies n’a pas à craindre un manque de nourriture… Oui mais, certains peuples consomment toujours plus que la moyenne et donc, un contrôle est toujours conseillé! Mieux vaut prévenir que guérir, çà c’est certain.

A l’atelier, tout sera mis en ordre; les nouveaux cadres seront filés sans trop tendre les fils afin de ne pas déformer les lattes en bois. Les cires seront placées quant à elles au dernier moment si vous en avez la possibilité afin de ne pas risquer la déformation des feuilles. Personnellement, je n’ai pas la possibilité d’attendre le dernier moment et je place les cires gaufrées dans les cadres dès que j’apprête le tout. Ceci afin de ne pas être pris de court. Je stocke alors les cadres cirés verticalement les uns serrés contre les autres. Je les retrouve nickel quelques semaines plus tard, lorsque j’en ai besoin. Evidemment, le local de stockage sera sec et frais, cela va sans dire. Le placement des cires est rapide en utilisant le transformateur ad-hoc. Il n’en était pas de même jadis, quand on utilisait un éperon en laiton que l’on devait chauffer sur un petit brûleur à alcool. Le soudage à l’électricité a, de ce point de vue, révolutionné les choses. Que du positif pour les apiculteurs qui ne doivent surtout plus se priver de faire bâtir des cadres dans les peuples. Pour rappel, la sécrétion de cire par l’abeille est un besoin physiologique qu’elle doit assouvir au cours de sa vie. L’en priver est commettre une grossière erreur, nous le savons à présent.

En cette période hivernale, vous n’oublierez pas non plus de ranger et nettoyer votre boite à outils. Profitez-en pour désinfecter tout l’outillage, que ce soit en le passant sous la flamme de la lampe à souder ou dans un bain d’eau de javel. Passez aussi votre vareuse à la lessiveuse en prenant soin de retirer le voile que vous laverez à la main car il est assez fragile.

Si vous comptez donner du candi à vos peuples au printemps, vous pouvez aussi le fabriquer vous-même, bien que ce soit une opération assez fastidieuse à réaliser. Personnellement, je ne fabrique que le candi qui est destiné aux élevages des reines en saison. Voici comment je pratique: je fais fondre 1 kg de bon miel (pas du miel acheté dans le commerce) au four à micro-ondes. Je verse le miel liquéfié dans le pétrin du robot de cuisine et j’y incorpore progressivement 3 kilos de sucre impalpable. Après quelques minutes de mouvement, j’obtiens un candi ferme et non collant qui servira à l’introduction des reines via les cagettes prévues à cet effet.

Pour les grosses quantités, je l’achète dans le commerce apicole car il est trop long à fabriquer artisanalement. D’autres méthodes de fabrication sont disponibles dans les ouvrages spécialisés, tantôt à chaud, tantôt à froid, tantôt sur base de sucre cristallisé, tantôt sur base de sucre impalpable. A vous de trancher si vous décidez de le fabriquer vous-même.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » janvier-février en 2016.

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