« Au rucher » 2016-11

Par Michel Smet

A l’heure où j’écris ces lignes (15 octobre) nous subissons toujours le climat doux et sec qui a régné sur notre pays de nombreuses semaines. Il fait si sec que les pommes de terre ne peuvent pas être arrachées sans devoir subir au préalable un arrosage de plusieurs jours! Du jamais vu; surtout après le printemps pourri et pluvieux que nous avons subi. On n’aurait jamais pensé avoir une arrière saison aussi aride. Ce n’est guère mieux pour les betteraves qui sont particulièrement petites cette année. C’est comme qui dirait une année de m….. Pour les apiculteurs, la situation est mitigée, et ceux qui avaient du colza près de leurs ruches ont pu sauver les meubles avec des rendements relativement corrects, du moins, sur la moyenne de l’année.

Novembre

Novembre ensoleillé

Quant aux élevages de reines, le bilan est mitigé également avec certaines périodes de la saison qui ont été propices aux retours des reines de leur vol de fécondation, et d’autres moments où tout foirait, et aucune reine ne rentrait. C’est cela aussi, l’apiculture, avec ses hauts et ses bas. Il faut savoir faire avec, comme on dit.

Fin octobre, les inserts ayant été utilisés pour réaliser le traitement de lutte contre la varroase seront retirés des peuples, et ce afin d’éviter toute accoutumance du varroa à la molécule active contenue dans les inserts. Pour rappel, la lutte contre varroa est un combat de longue haleine, qui doit être réalisé vers la mi-juillet afin de permettre aux colonies d’élever plusieurs générations d’abeilles avant de s’atteler à l’élevage des abeilles grasses d’hiver qui seront alors élevées dans les meilleures conditions de bonne santé. Fini d’extraire le miel d’été le 15 août, c’est beaucoup trop tard!! Vous avez alors perdu trop de temps précieux qui vous permet de réaliser un traitement efficace qui devrait durer 10 semaines sans discontinuer. C’est le prix à payer aujourd’hui si l’on veut conserver ses abeilles en bonne santé. C’est frustrant me direz-vous, je sais, mais nous ne pouvons plus faire autrement sans risquer de perdre nos colonies. Varroa est et reste bel et bien le plus grand ennemi de l’abeille indigène. Il ne faut jamais l’oublier.

Un contrôle de la chute des varroas sera réalisé mi-décembre sur les plateaux de fonds de ruches. Si 3 varroas sont tombés en 24 heures, nous réaliserons un traitement à l’acide oxalique, soit par dégouttement, soit par sublimation des cristaux placés dans un appareil spécial. La première solution sera choisie si le temps est frais et que les abeilles sont en grappes. La solution sucrée est alors mieux « encaissée » par les abeilles qui se la passent de bouches en bouches dans toute la grappe. La méthode par sublimation sera utilisée si le temps est clément, comme l’hiver dernier, ou le 17 décembre, nous avions une température extérieure de 15 degrés Celsius. Dans ce cas, les abeilles occupent tous les cadres car la grappe est disloquée. Il s’ensuit que les vapeurs d’acide oxalique se répandent alors dans toute la colonie, et toutes les abeilles sont « touchées » par le produit. C’est ce que j’ai pu remarquer l’année dernière. Aucune mortalité d’abeilles car les vapeurs sont bien réparties sur toutes les abeilles. Ce check up hivernal est indispensable si l’on veut garantir la bonne santé des avettes. En effet, moins il y a de varroas dans les colonies en début de saison, mieux se développera le peuple par la suite. Sans contrôle, on joue « au petit bonheur la chance » et bien souvent, après deux ou trois ans, la colonie s’effondre sous le poids des varroas alors beaucoup trop nombreux.

En cette fin d’année, le matériel sera également remis en ordre, désinfecté comme il se doit et rangé afin d’être prêt le moment venu. Les cadres devant être fondus le seront dès que possible afin d’éviter la prolifération de la fausse teigne. Ils seront ensuite lavés dans une lessive de cristaux de soude puis rincés et mis à sécher bien à plat, en quinconce. Nous placerons une pierre sur le dessus de la pile pour lester le tout.

Les pains de cire seront mis au gaufrage. Soyez bien conscient que cette cire est un bien précieux car vous en connaissez l’origine. Par les temps qui courent, il est prudent d’en faire du cas car de nombreuses falsifications sont maintenant rencontrées dans les manufactures de cires. Les Avettes vous garantissent la récupération de votre cire personnelle lorsque vous leur confier le gaufrage. N’attendez donc pas la dernière minute pour déposer vos pains de cire pour le gaufrage. Au rucher, nous veillerons au bien être des peuples qui réclament, en cette saison, le plus grand calme afin de bien passer le cap de la saison froide. Après une période venteuse, nous contrôlerons que les toits sont bien en place et que tout est en ordre au rucher.

Comment débuter en apiculture?

Comment débuter en apiculture?
Bernard Nicollet / Editions Du Puits Fleuri 2012

Le temps de lire quelques ouvrages traitant de la conduite des colonies est également venu. Cet insecte si parfait qu’est l’abeille mellifère mérite que l’on s’y intéresse plus en profondeur. Il reste tant de choses à découvrir sur ces petites bêtes afin de faire progresser la manière de les conduire mieux dans le respect de tous. Sachez que notre bibliothèque vous est ouverte et que Jean-Marc se fera un plaisir de vous renseigner sur un ouvrage à lire afin de faire avancer votre connaissance de l’Abeille.

La période hivernale est aussi celle ou l’on observera la nature et surtout les emplacements favorables pour placer les ruches en vue de réaliser une miellée future. La balade constitue la meilleure manière de trouver des endroits idylliques. On a en effet le temps d’observer tout se qui se trouve sur le chemin de la balade.

En cette fin d’année, pourquoi ne pas profiter du calme au rucher pour réaliser une tourie d’hydromel? Quelques kilos de miel, de l’eau et un peu de levure, le tout mis à 22 degrés Celsius, vous donnera un hydromel artisanal de qualité qui bien sûr sera le meilleur puisque ce sera le vôtre! Essayez, et vous verrez qu’il n’y a rien de chinois à réaliser ce breuvage ancestral. Et si tout devait finalement mal tourner, vous pourriez toujours en faire du vinaigre …

Michel Smet

A relire: « Au rucher » novembre-décembre en 2015.

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