« Au rucher » 2015-09

[toc]Par Michel Smet

Quittons cet art qu’est l’introduction des reines pour revenir à la gestion du rucher.

Fin juillet, voire début août, vous aurez récolté le miel d’été qui sera travaillé comme il se doit afin d’être présenté aux consommateurs dans les meilleures conditions. Les cadres issus de l’extraction seront triés, et ceux contenant du pollen écartés et destinés à la refonte, qui, si le nombre de cadres n’est pas trop important, pourra se faire dans le cérificateur solaire, lors des derniers beaux jours ensoleillés de septembre et octobre. Sinon, ils seront passés à la chaudière à vapeur comme déjà décrit dans les articles antérieurs. Les cadres à conserver seront mis à lécher ou pas, suivant le cas, avant d’être enfermés dans une armoire étanche afin que « dame » fausse teigne n’y ait pas accès.

Au rucher, la grande préoccupation sera le traitement des peuples contre le varroa, qui est et reste le fléau de l’apiculture d’aujourd’hui, avec les néonicotinoïdes présents dans les cultures bien sûr. Pour réaliser ce traitement, plusieurs manières de faire s’offrent à vous, et pour être complet, je vous propose de consulter le site de l’AFSCA qui vous donnera la marche à suivre pour réaliser un traitement efficace en toute légalité. Sachez que plus tôt ce traitement est réalisé, plus la qualité des abeilles fabriquées pour passer l’hiver sera grande. En effet, plus vite vous aurez supprimé la grande masse de varroas présents dans les colonies, moins les avettes seront « pompées » par ce vampire qui fragilise et met à mal la santé des abeilles.

Thymovar

Thymovar
By CARI asbl

Si vous avez remarqué la présence de champs de maïs dans les alentours de votre rucher, et que ce maïs a été planté sur une terre ayant été plantée l’an passé par des betteraves ou des pommes de terre, déplacez vos ruches dans un endroit « clean » le temps de la floraison du maïs, vous gagnerez de l’esprit. J’ai personnellement perdu beaucoup de ruches et nucléi l’année passée à cause de cette situation. Sachez qu’il ne faut pas toujours courir loin pour trouver cet endroit « clean » qui vous permet de sauver vos colonies de la disparition hivernale. Une vallée encaissée peut vite s’avérer être un endroit idéal qui répond aux conditions nécessaires pour permettre aux colonies de passer cette période critique qu’est la floraison du maïs.

Les colonies seront resserrées sur 7, 8 ou 9 cadres pour passer l’hiver, suivant le modèle de ruche employé. Pour les divisibles, on ramènera la colonie sur un seul corps, ce qui est suffisant pour réaliser un hivernage de qualité. La relance de la ponte des reines sera effectuée par apport de sirop en petite quantité (2 litres par semaine environ) afin de posséder des abeilles grasses fortes et en bonne santé qui pourront attaquer la période hivernale sans soucis. Je le répète, le traitement hivernal des colonies à l’acide oxalique réalisé en décembre doit rester secondaire; c’est le traitement de fin de miellée qui doit être et rester le principal et être mené au mieux afin de posséder le moins de varroas présents dans les colonies le plus rapidement possible.

Se tracasser de cela fin décembre, c’est trop tard. Les abeilles encore vivantes sont trop affaiblies que pour tenir en vie jusqu’au printemps suivant. Le premier bidon de sirop fait maison (7,5 kg de sucre sec par bidon) sera ainsi donné aux abeilles à petits coups, sur le mois d’août, et servira à élever les abeilles d’hiver. Le second bidon sera distribué en septembre afin de constituer la réserve hivernale de « combustible » pour les abeilles. Un petit soupesage des colonies vous donnera une idée de la quantité de provisions contenues dans la ruche. Il est, à ce moment de l’année, inutile de « gaver » les ruches de sucre jusqu’au moment où elles ne le prennent plus. Certes, elles doivent posséder les provisions nécessaires afin de rejoindre le printemps sans encombre, mais sans plus. Il est inutile de retrouver les cadres de corps pleins de sucre fin avril, sucre qui sera remonté dans les hausses à la première occasion venue et qui se retrouvera dans le miel. Ce soupesage des colonies vous fera remarquer combien certaines colonies stockent leurs provisions précocement alors que d’autres transforment ce sucre en abeilles d’une façon incontrôlable, et quasiment sans se soucier de garder le garde-manger plein pour la période hivernale, et ce, parfois avec des reines issues de mêmes lignées. C’est là que pourra intervenir l’apiculteur afin de conserver les reines qui savent gérer les réserves en « bon père de famille » et éliminer les reines qui galvaudent les réserves. En fait, sélectionner, c’est çà!!

Pendant tout ce temps, vous aurez placé les tiroirs de fonds de ruches afin de contrôler les chutes de varroas et ainsi l’efficacité du traitement administré aux peuples. Attention, une colonie qui possède encore beaucoup de couvain operculé pourra ne pas montrer de signe de forte infestation et rassurer faussement l’apiculteur qui pensera que la colonie ne possède pas de varroas, à tort bien sûr. La prudence est de rigueur quant à l’efficacité du traitement qui, pour bien faire, sera suivi d’un check-up avec un autre produit de traitement, mais ce n’est pas toujours facile à réaliser.

En résumé, septembre et octobre seront les deux mois pendant lesquels il nous faudra stimuler la ponte des reines, éliminer un maximum de varroas, constituer les réserves hivernales des colonies afin qu’elles puissent rejoindre le printemps sans encombre.

A bientôt.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » septembre-octobre en 2014.

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