« Au rucher » 2015-05

Par Michel Smet

Nous y sommes désormais! La grande miellée de printemps bat son plein et avec elle, les risques de voir entrer les colonies en fièvre d’essaimage aussi. Tout bon apiculteur aura apprêté son matériel pendant les longues soirées d’hiver et ne devra plus se tracasser de tout cela. C’est déjà une belle épine hors des pieds! Les peuples les plus forts auront déjà reçu une voire plusieurs hausses garnies pour moitié de cadres bâtis et pour l’autre de cadres contenant une feuille de cire gaufrée. Pour rappel, l’abeille qui devient cirière doit construire des cadres, c’est un besoin physiologique pour elle qui doit être satisfait à ce moment de sa vie. Ne pas leur donner de cadres à bâtir est une erreur grossière à ne pas commettre car contrairement à certaines idées reçues, la ruche qui bâtit des cadres récolte plus de miel que celle que ne bâtit pas.

Etirement d'une cire gaufrée

Etirement d’une cire gaufrée
Source Association MAIA

Cette sécrétion de cire engendre une effervescence dans le peuple qui lui est salutaire, il faut bien le savoir. Donnez-donc des cadres à bâtir non seulement dans les corps, afin de remplacer les cadres trop vieux du nid à couvain, mais également dans les hausses, cadres qui après un tri sélectif en août, vous donneront une belle cire de toute première qualité après refonte. Certes, c’est du travail pour l’apiculteur mais qui est toujours payant pour la santé de vos colonies.

Si des champs de colza se trouvent dans les environs de votre rucher, soyez plus que jamais prudent, car si ce colza a été planté sur une terre de betteraves l’année avant, ce colza sera lui aussi neurotoxique, du fait de la rémanence de ce toxique qui « remonte » dans les plantes de la culture suivante, et comme toutes les betteraves plantées en Belgique sont enrobées Poncho Béta, elles sont d’office toutes neurotoxiques. Pareil pour du maïs ou autre moutarde plantés après betteraves ou pommes de terre, vous risquez de perdre vos colonies à l’hivernage suite à l’intoxication du pollen récolté en fin de saison. J’en ai fait les frais l’hiver dernier!

Comme le disait Eric Melin tout dernièrement, il sera de plus en plus difficile de pratiquer l’apiculture en Wallonie si on n’interdit pas l’utilisation des neurotoxiques dans toutes les cultures…..mais çà, on y est pas encore!

Mais revenons à nos petites mouches à miel. Les greniers à miel successifs se rempliront de nectar qui sera vite transformé en miel par évaporation de l’excès d’eau. Pour se faire, il faudra permettre aux abeilles de pouvoir étendre ce nectar et donc, vous devrez leurs donner suffisamment de place, pensez-y.

Autre rappel, un cadre de couvain operculé fournit, dès son éclosion, des abeilles pour couvrir 2,5 cadres. Un bref calcul nous fait comprendre que si un peuple possède 8 cadres de corps Dadant de couvain naissant, nous devrons lui mettre à sa disposition pas moins de 20 cadres du même format. Impossible, me direz-vous, ma ruche n’en compte que 10, voir 12! Evidement, il faut tenir compte du volume apporté par le placement des greniers à miel, et comme il faut 2 cadres de hausse Dadant pour équivaloir à un cadre de corps, vous aurez vite compris que placer une hausse de 10 cadres sur une forte colonie est largement insuffisant. A fortiori si ces cadres sont déjà bâtis. A bon entendeur donc…qui saura qu’il lui faut un volant relativement important de matériel (hausses) afin de contrer ce fléau qu’est le départ des essaims, qui sont souvent perdus dans la nature et qui annulent le récolte de miel.

En juin, viendra le moment de la récolte du miel des peuples qui auront été bien menés. Pour le miel de printemps, une operculation de ce dernier à raison de 50% est requise, et on n’attendra pas l’operculation à 100% qui peut amener à la catastrophe si s’y trouve du miel de colza qui aura tôt fait de se transformer en « béton » impossible à retirer des cadres. Prudence donc si vous vous trouvez dans ce cas de figure.

Autre détail, au printemps, on ne repousse jamais les abeilles des hausses de miel dans les corps de ruches. C’est de la folie furieuse, même pour quelques heures! Ce laps de temps est suffisant pour déclencher une fièvre d’essaimage dans les colonies. Vous repousserez toujours les abeilles des hausses à extraire dans une hausse vide contenant des cadres bâtis ou des cadres de cire gaufrée si le peuple est très fort. Cela permettra aux abeilles de ne pas se sentir trop à l’étroit avant de replacement des hausses extraites.

C’est une question de bon sens mais…..

Mai et juin sont aussi les mois de prédilection pour pratiquer cet art qu’est l’élevage des reines. Il est en effet toujours utile d’en posséder quelques unes d’avance pour les cas où. Cet élevage sera bien entendu largement mis en pratique avec les élèves suivant les cours de seconde année. A bientôt.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » mai-juin en 2014.

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