« Au rucher » 2013-11

Par Michel Smet

Les cadres devant passer l’hiver sont à présent bien stockés dans les hausses rendues étanches par le placement d’une plaque de bois sur la partie supérieure ou rangés dans un ancien congélateur. Comme dit le mois dernier, les cadres contenant du pollen ont été d’office écartés, c’est la condition essentielle pour réussir l’opération. Pour ma part, je ne fais jamais lécher ces cadres, ni aucun autre d’ailleurs. Ils sont rangés tels qu’elles dans les hausses ou dans le congélateur servant d’armoire.

Pluie d'automne

Pluie d’automne


Pourquoi travailler ainsi ? Le léchage des cadres ne m’apporte que des inconvénients, car réalisé en août, il engendre toujours ou quasi, un début de pillage voir un pillage tout court. Vous me direz que s’il est fait de façon « étanche », tout doit bien se passer. Mais l’expérience me prouve le contraire. En effet, à cette période de l’année, la moindre goutte de miel est détectée par les abeilles à une vitesse grand V qui ne nous laisse pas le temps de réagir. La manipulation des cadres vidés de leur miel mais gluants est repérée très vite par les avettes qui démarrent un pillage généralisé et très difficilement éradiquable.

Mais quels seraient donc les inconvénients de ne pas faire lécher les cadres extraits? Certains disent que le miel restant va fermenter pendant le stockage des cadres. Je puis vous assurer qu’il n’en est rien si vous réalisez le stockage dans les conditions requises, à savoir dans un local sec et frais et placés dans une armoire étanche. Le moment venu, au printemps, de constituer les hausses à placer sur les ruches de production, vous verrez vos abeilles monter très rapidement dans ces hausses et venir nettoyer les cadres gluants de miel. C’est également une bonne façon de stimuler le travail dans la ruche et d’y engendrer une bonne ambiance. Une heure après avoir placé les hausses, on ne retrouve plus rien de ce miel ayant passé l’hiver « en armoire ». Alors, pourquoi tant de mal et de mystère autour de ce « léchage » des cadres qui pour moi est et reste une opération délicate, voir risquée et qui est finalement évitable et superflue. Ceux d’entre vous qui ont déjà dû subir les effets du pillage savent de quoi je veux parler. A vous de voir, donc.

En décembre, nous veillerons à faire régner le plus grand calme dans le rucher. En effet, chaque perturbation engendre la dislocation de la grappe, suivie d’une surconsommation des provisions, et finalement, la mort de plusieurs dizaines d’abeilles. La seule perturbation que l’on pourra se permettre sera celle due au traitement à l’acide oxalique qui sera réalisé en absence de couvain et à une température d’au moins 5 degrés.

Pour ma part, j’ai réalisé ce traitement vers la mi-octobre avec un résultat inattendu: plus de 60 varroas tombés chaque jour pendant 4 à 5 jours. Comment expliquer ce phénomène? Le traitement estival, quel qu’il soit, est réalisé en présence de couvain, qu’on le veuille ou non. Même en cas de traitement de longue durée, ce qui est préconisé, nous arrivons en septembre avec un certain nombre de varroas, voire un nombre certain. Pourquoi attendre la fin décembre voire le début de janvier pour éliminer ce « reste » de varroas. Nous pouvons très bien le faire alors que les températures nocturne et diurne sont encore agréables mais que la quantité de couvain operculé est déjà fortement réduite. Cela permet aux abeilles hivernantes d’être plus vite soulagées de ce « trop » de varroas encore présents et de moins souffrir de ce traitement qui, il faut bien l’admettre, est relativement mal encaissé par les abeilles par température froide. Nos abeilles ne s’en porteront que mieux, je puis vous l’assurer.

Et le traitement d’hiver, me direz-vous? Je préfère le réaliser en février par température plus clémente, voire en mars si les colonies ont passé l’hiver en bonne forme. Pour le produit, j’ai abandonné l’acide oxalique au profit de Hive Clean Bee Vital, qui s’il contient de l’acide oxalique, contient aussi du sirop de sucre, de la propolis mais aussi de l’acide formique dont l’action pour la lutte contre la varroase n’est pas négligeable. Je vous conseille l’emploi de ce produit qui est des plus simple puisque le flacon doseur est muni d’un bouchon permettant d’asperger le produit sans difficulté sur les abeilles occupant les ruelles entre les cadres. Vous devez toujours bien avoir à l’esprit que la lutte contre la varroase est primordiale pour la survie de vos ruchées et qu’elle doit faire l’objet d’un suivi consciencieux et continu sous peine de courir à la catastrophe.

La biologie de l'abeille

« La biologie de l’abeille », de Mark L. Winston (épuisé)

Pendant l’hiver, vous prendrez le temps de lire quelques bons livres traitant l’apiculture. Vous y apprendrez toujours des choses intéressantes, croyez-moi. Notre bibliothèque est à votre disposition, sachez-le.

En atelier, vous apprêterez tout le matériel nécessaire à la campagne suivante: cadres de cire gaufrée, hausses nettoyées pour la récolte de printemps, enfumoir remis en état, combustible sec coupé en petits morceaux à l’aide du taille-haie, grilles à reine contrôlées et nettoyées, etc. Bref, tout ce qui peut être fait en hiver le sera, sans attendre le dernier moment pour agir. Comme je le dis toujours, on n’attend pas la visite de printemps pour avoir son matériel en ordre.

Bonnes fêtes de fin d’année et à bientôt.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » novembre-décembre en 2012

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