« Au rucher » 2013-09

Par Michel Smet

En ce début septembre, et si vous avez bien travaillé, cela fait plus ou moins un mois que votre récolte d’été est réalisée et votre traitement contre le varroa est en plein exercice. Pour rappel, ce traitement doit être réalisé avec beaucoup d’attention et de soin. La santé de vos abeilles en dépend directement puisqu’il faut absolument, dès la fin de la récolte, faire descendre le nombre de varroas à un minimum, et ce afin que les abeilles élevées, qui passeront l’hiver, soient engendrées dans les meilleures conditions possibles. Il en va de la pérennité de nos avettes.

Thymovar

Thymovar
By CARI asbl

Si aucun varroa ne tombe sur le plateau de fond de ruche, soyez certain que le traitement en cours n’est pas efficace. Comme le disait Paul Petit, « faut pas rêver, des varroas, il y en a dans tous les peuples sans exception ». Votre devoir de bon apiculteur à ce moment de l’année est de faire en sorte que ce nombre d’acariens soit le plus réduit possible. Les inserts de Thymovar doivent donc faire effet depuis un mois déjà et révéler une mortalité d’acariens sur les plateaux de fond de ruche. Si tel n’était pas le cas, méfiance, et tenter le traitement via un autre procédé afin de contrôler l’efficacité du premier.

En cette période de l’année, vous aurez également déjà donné une partie du sirop de nourrissement à vos abeilles. Ce dernier aura relancé la ponte de la reine qui avait déjà tendance à décroître en cette fin juillet. Pour ma part, je donne 10 litres de sirop lourd « fait maison » avant le début du traitement. J’estime que le garde-manger de la colonie doit être bien garni avant de lui faire subir le traitement anti-varroas. Je m’y trouve bien et ce depuis de longues années. Pour rappel, une colonie d’abeilles buckfast logée sur 9 cadres Dadant recevra environ 15 kilos de sucre sec, soient 2 bidons de 10 litres de sirop composé suivant ma recette. Le second bidon est distribué aux abeilles après le traitement et toujours avant les premières nuits froides, donc pour fin septembre au plus tard. Cela permet aux ouvrières d’operculer cette nourriture et de prendre place dans les rayons pour l’hiver.

Ruchette

Ruchette avec Apidéa sans perte du premier couvain
By Philippe Bajoit [CC-BY-NC-SA-3.0]

Si vous avez constitué des ruchettes 5 cadres ayant le format des ruches, sachez que vous pouvez franchement les hiverner telles quelles, et ce sans aucun problème. L’expérience me prouve que ces petites ruches hivernent même mieux que des ruches de production sur 9 cadres. Pourquoi? Etant serrés sur un nombre restreint de cadres, ces petits peuples sont constamment en contact direct avec la nourriture. De plus, le volume à chauffer est plus petit, donc moins de consommation de provisions. Ceci nous montre donc la grande importance de resserrer les colonies sur 7, 8, ou 9 cadres au lieu de 10 ou 12. Même si la colonie est forte, le volume hivernal est beaucoup trop important en grosse ruche. Cela entraine le développement de moisissures, condensation, et risque de fermentation des provisions. Le resserrage des peuples est donc salvateur, sachez-le. La mise en hivernage de ces ruchettes requiert de plus, moins de nourriture. Dix litres de sirop suffisent amplement. Tout bénéfice donc.

Une fois octobre arrivé, le placement des coussins d’hivernage sera de mise afin de laisser nos avettes dans le plus grand calme, ce qui leur assurera un passage correct vers l’année suivante.

Récolte du miel

Récolte du miel
By Luc Viatour / www.Lucnix.be [CC-BY-SA-3.0-2.5-2.0-1.0]

Et la récolte de miel dans tout ça, me direz-vous ? Voici ma façon de procéder. De l’extraction à fin août, le miel se trouve dans des maturateurs inox de 100 kilos (si la récolte a été bonne bien sûr). Durant ce temps, je me borne à écumer les maturateurs afin d’en ôter les dernières petites impuretés et surtout l’éventuelle eau présente sur la partie supérieure du miel, mélangée avec ces impuretés. Je n’ai donc pas peur de « tirer » un demi-centimètre d’écume sachant que ce miel est plus humide que celui se trouvant plus bas dans le maturateur. Par la suite, et en règle générale vers le 15 septembre, le miel commence à se troubler de lui-même. C’est le signe du début du processus de malaxage qui, une fois commencé, durera jusqu’à l’obtention d’un miel crémeux. Deux malaxages de quelques minutes par jour et par maturateur seront appliqués. S’ensuit le placement du miel en maturateur PVC de 40 kilos où il va réaliser sa prise finale. Par la suite, et ce tout au long de la saison de vente de ma production, je défige chaque maturateur en le faisant passer dans une armoire chauffante à 35 degrés pendant 12 à 18 heures. Le miel « ramolli » est à ce moment malaxé afin d’être homogénéisé. Il est ensuite replacé en armoire chauffante quelques heures à 25 degrés, afin que les petites bulles d’air remontent à la surface au lieu de finir sur le dessus des pots, ce qui serait le cas si on le mettait en pot dans la foulée du défigeage malaxage. J’obtiens de la sorte un produit de toute première qualité, beau, onctueux, crémeux, bref, tout ce que réclame la clientèle. De plus, en fractionnant de telle sorte ma production au fil des ventes, je peux conserver l’éventuel invendu en maturateur de 40 kilos, ce qui me permet une excellente conservation dans le temps. Pour rappel, la date de péremption du miel est applicable dès sa mise en pots, et pas avant!

Voilà donc en quelques lignes ma façon de procéder afin d’obtenir un miel des plus présentables à ma clientèle.

En ce qui concerne les cadres de hausses, ils seront triés, et ceux contenant du pollen seront d’office écartés et fondus par la suite au certificateur à vapeur. Passés dans un bain de soude en cristaux puis rincés à l’eau claire, ils seront mis à sécher bien à plat, en quinconce et lestés d’une pierre afin d’éviter qu’ils ne se tordent. Les cadres triés pour passer l’hiver sont replacés dans les hausses recouvertes d’une plaque étanche ou dans un congélateur usagé servant d’armoire étanche et ce sans aucun traitement particulier. Je procède ainsi depuis de nombreuses années sans soucis.

Nous reparlerons de tout cela le mois prochain.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » septembre-octobre en 2012

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