« Au rucher » 2012-05

Par Michel Smet

Les colonies sont tantôt très belles alors que d’autres sont occupées à se développer, suivant les régions, et surtout suivant les conditions dans lesquelles on les a retrouvées après l’hiver. Au sein même d’un rucher, on peut rencontrer des ruchées extrêmement développées et d’autres plus faibles voire très faibles. Ces dernières seront resserrées afin de concentrer la chaleur au maximum, le but étant de les amener à être correctes pour la miellée d’été, voir pour passer l’hiver en espérant que l’année prochaine sera plus prospère.

Mai

Mai

Mais le temps est plus à s’occuper des colonies qui « marchent bien » que des autres. Les peuples qui possédaient 4 ou 5 cadres de couvain operculé vers la mi-avril sont à présent bourrés de jeunes abeilles qu’il nous faut penser à faire travailler. Pour ce faire, nous mettrons à leur disposition des cadres de cire gaufrée afin d’assouvir ce besoin de construire que possèdent les abeilles cirières. J’entends déjà certains me rétorquer qu’il faut 6 à 7 kilos de miel pour fabriquer un kilo de cire. Certes, mais sécréter de la cire est un besoin physiologique des abeilles et les empêcher d’assouvir ce besoin c’est les conduire tout droit vers l’essaimage. Une forte colonie doit recevoir des cadres à bâtir, c’est absolument indispensable pour son équilibre. Il en va de son bien être.

Pour rappel, un cadre de couvain operculé des deux faces fournit les abeilles pour couvrir 2,5 cadres. Si lors de la visite, vous trouvez 8, 9 ou 10 cadres de couvain, faites le compte et vous remarquerez que plusieurs hausses à miel doivent être placées sur une telle colonie. Quatre à 5 magasins à miel peuvent être parfois placés sur de telles bombes. Le volant de matériel nécessaire est donc considérable, mais nécessaire si on veut faire du miel au lieu de faire des essaims.

De tels peuples peuvent aussi être divisés, mais en ce qui me concerne, je divise mes colonies après la miellée de printemps et pas pendant! Mais chacun fait son lit … Ceux qui ont du colza à proximité des leur rucher seront particulièrement attentifs à la fin de la floraison. Plus d’un apiculteur a été pris, à l’instar du miel dans les rayons, lors de l’extraction. Au lieu de trouver un liquide épais, ils y ont trouvé du béton armé. Sachez que le miel de colza peut réaliser sa prise en quelques heures seulement. Il faut donc surveiller les floraisons et extraire dès que la quantité de fleurs s’amoindrit. Vouloir attendre les toutes dernières fleurs est à mon sens prendre un risque énorme qui ne se justifie pas.

Un fois extrait, le miel sera écumé puis malaxé afin de lui donner cette onctuosité tant recherchée par la clientèle d’aujourd’hui. S’ensuivra la mise en pot suivie de l’étiquetage qui mettra le fruit du travail de vos avettes en valeur. N’oublions jamais que l’on achète d’abord avec les yeux! Je profite de cette occasion pour vous rappeler que nous mettons à votre disposition des étiquettes à miel avec le logo de l’ASBL, repiquées à votre nom et ce à un prix très démocratique. Prenez donc contact avec Victor Forthomme pour vos commandes.

Pour ceux qui ont en eux cette passion qu’est l’élevage des reines, le mois de mai leur donne l’occasion d’assouvir leur art. La condition sine qua non est la présence de mâles pour effectuer les fécondations des jeunes reines élevées. Sachant qu’un mâle naissant sera pubère 12 jours après, et qu’il faut 16 jours pour engendrer une reine, nous pouvons lancer un élevage dès l’apparition des mâles. Ils seront certainement matures à la naissance des reines et pourront dès lors effectuer le travail pour lequel ils ont été créés.

En juin, nous poursuivrons les visites des colonies afin de lutter contre l’essaimage, et plus particulièrement lorsque la miellée de printemps tire à sa fin. En effet, les peuples sont alors à l’apogée de leur développement et comme la paresse et l’oisiveté sont la mère de tous les vices, si le travail vient à manquer par la chute des apports nectarifères, la fièvre d’essaimage est très vite engendrée dans les peuples, et nous savons tous qu’une colonie prise de ce mal est très difficile à récupérer. Il est donc capital de faire en sorte d’éviter cet écueil qu’est le départ de l’essaim.

C’est à cette période de l’année que je divise mes colonies. En faisant de la sorte, je constitue mes ruchettes, en « dégraissant » les peuples les plus forts, auxquelles je donne une cellule royale prête à naître, issue de mes élevages, et ce 10 jours après la constitution des ruchettes. Je réalise, de la sorte, une ponction de varroas au sein de mes colonies de production, tout en accroissant mon cheptel, car par les temps qui courent … Les cadres de couvain operculé prélevés dans ces fortes colonies sont toujours remplacés par des cires gaufrées, et je renouvelle de la sorte le nid à couvain de mes peuples. Voilà, en gros, comment je pratique, quand tout va bien! L’avantage de cette méthode est que l’on constitue directement des jeunes colonies sur des cadres au format du rucher. Cela facilite grandement les rassemblements ultérieurs éventuels de colonies. Cette méthode réclame cependant de posséder quelques ruchettes et plusieurs dizaines de cadres d’avance, mais quand on aime, on ne compte pas, c’est bien connu!

Ces jeunes colonies seront stimulées autant que faire se peut par adjonction de sirop, et ce afin d’en faire des peuples capables de passer l’hiver. Il ne faut pas oublier que ces colonies représentent le futur de notre exploitation.

Michel Smet

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