« Au rucher » 2017-09

Par Michel Smet

Avec septembre se profile tout doucement la période des froids hivernaux, bien que régulièrement, le mois de septembre en Belgique nous donne un été indien qui nous permet de finaliser la mise en hivernage des colonies dans de bonnes conditions.

Avant tout, il faut se préoccuper de terminer le nourrissement à base de sirop de sucre lourd composé de 10 kg de sucre pour 6 litres d’eau. Cela nous donne un sirop concentré à environ 65 % de sucre. Petite remarque à ce sujet: un sirop 50/50 demande beaucoup plus d’énergie à vos abeilles pour le stoker que le sirop 10/6. Pourquoi? En fait, c’est la réduction de la quantité d’eau qui pose problème, et c’est elle qui demande un travail laborieux et épuisant qui « use » vos avettes. Or, nous le savons, il nous faut des abeilles fortes et saines pour passer l’hiver. En résumé, nous veillerons à distribuer un sirop aussi « concentré » que possible afin de préserver la santé de nos abeilles destinées à passer la période froide de l’année. Le vinaigre placé dans le sirop participe à la transformation du saccharose en fructose et glucose qui sont assimilables par les avettes, ce qui économise aussi leur travail. Tout doit être mis en place afin de favoriser la mise en hivernage des peuples aux meilleures conditions possibles, et ce avant le 15 septembre car les nuits sont déjà froides, ce qui ne favorise pas la prise du sirop par les abeilles. Début septembre, mes colonies reçoivent le second bidon de sirop qui contient pour rappel 7,5 kg de sucre sec, ceci afin d’atteindre les 15 kg de sucre sec par colonie.

Fin septembre, les inserts d’apistan ou apivar seront retirés des colonies après 10 semaines de traitement. Ceci afin d’éviter toute accoutumance de la molécule active par les varroas, phénomène qui se produit malgré tout au fil des années et que l’on ne peut éviter malheureusement. Evidemment, ceux qui les laissent dans les peuples jusqu’en mars, favorisent cette accoutumance néfaste en tous points. Retirer les inserts est donc une obligation que se doit de respecter tout apiculteur digne de ce nom, c’est une affaire de bon sens.

En cette période de l’année, les colonies qui auraient perdu leur reine en cours de traitement seront rémérées si elles en valent encore la peine, sinon, elles seront démontées, les abeilles brossées devant d’autres ruches proches, ou devant une ruchette mérée qui était destinée à passer l’hiver en réserve pour le printemps suivant. Les abeilles de la ruchée démontée seront admises par la ruchette mise en place à sa place et viendront renforcer cette dernière. On peut favoriser cette réunion en aspergeant d’eau sucrée très légèrement les abeilles de la ruche défaillante mais aussi celles provenant de la ruchette de remplacement. Comme toute la communication de la ruche se réalise par trophallaxie, elles entrent en contact par l’eau sucrée, ce qui arrondit très favorablement les angles. Sachez que les demi-mesures ne payeront pas en cette période de l’année et que seules les colonies fortes peuvent encore être éventuellement rémérées afin de passer l’hiver dans les conditions requises. Pour les autres, le démontage est requis.

Le miel récolté et conditionné en maturateur est travaillé au malaxeur depuis plusieurs semaines déjà, et ce, afin d’obtenir un produit fin, crémeux et « frigo tartinable », qualité réclamée par la clientèle depuis de nombreuses années déjà. En effet, les consommateurs exigent un produit facile à tartiner par les enfants le matin quand le temps manque cruellement avant de partir à l’école ou au boulot. Il m’a fallu un certain temps pour me rendre compte de ce problème, mais depuis que je commercialise un miel tartinable, mes ventes ont explosé. Il n’y a finalement pas moyen de couper à l’adage qui veut que le client est roi. Nous devons nous plier à ses exigences. Pour ma part, je travaille mon miel en maturateurs de 100 kg afin de le rendre crémeux. Dès que ce stade est arrivé, je le soutire en maturateurs de 40 kg, facilement transportables, puis je le stocke tel qu’elle. Par la suite, je réchauffe le maturateur à une température de 30-35 degrés pendant quelques heures, puis je malaxe légèrement le miel afin de pouvoir le mettre en pots 3 jours plus tard. Pendant ces 3 jours, il est placé dans l’armoire à +- 26 degrés. Ce laps de temps permet aux petites bulles d’air de remonter en surface du maturateur et pas en surface des pots, phénomène qui se produit quand on le met en pots directement après l’avoir travaillé sans attendre 3 jours. C’est un détail qui a toute son importance quant à l’aspect final du miel en pots. Ne jamais courir pour bien faire les choses, telle est la devise du conditionneur de miel.

Cette façon de faire me permet de conserver ma récolte dans les meilleures conditions possibles au fil des ventes qui s’étalent pendant la période froide de l’année. En effet, mettre toute la récolte en pots en une fois en septembre pose le risque de voir le miel s’abimer au fil du temps, but qui est loin d’être recherché. Plus le miel se trouve en petit conditionnement plus il est fragile. Chose à soir et à ne pas oublier! De plus, ma façon de travailler me permet aussi de pouvoir vendre du miel en vrac (par 40 kg) toute l’année. Ce point est très important quand on a une grosse récolte à écouler et que l’on sait que tout ne sera pas vendu conditionné en pots.

Au rucher en octobre, les colonies qui seraient anormalement légères recevront un complément de sirop le plus tôt possible afin de posséder la dose suffisante pour atteindre le printemps. Ce sirop sera « inverti » de préférence afin que les abeilles ne s’épuisent pas à cette tâche. Obligation donc de l’acheter dans le commerce apicole car nous ne pouvons pas le fabriquer nous même malheureusement. Attention que cette situation doit rester exceptionnelle. Une colonie « normale » doit pouvoir hiverner avec 15 kg de sucre. Certaines, cependant, réclament toujours un peu plus que les autres. Une fois le nourrissement terminé, les nourrisseurs sont retirés des peuples, lavés et séchés comme il se doit, puis, rangés dans l’armoire. Les coussins d’hivernage seront placés sur les colonies, les toits replacés sur le tout et les entrées de ruches réduites afin que d’éventuels rongeurs ne puissent pas entrer. En résumé, tout sera mis en œuvre pour que l’hivernage des peuples se déroule dans les meilleures conditions.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » septembre-octobre en 2016.

Ce contenu a été publié dans Actualités, Extraits de la revue. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.