« Au rucher » 2016-09

Par Michel Smet

Cette fois ci, nous y sommes! Je veux parler de la suite et de la fin de la mise en hivernage des colonies. Que veut-on dire par là? Tout d’abord, notre plus grande préoccupation sera de lutter le plus efficacement possible contre cet ennemi qu’est depuis trois décennies le varroa. Pour rappel, ce vampire suce le sang des abeilles (hémolymphe) après les avoir piquées. Cette ponction de sang engendre un affaiblissement de l’abeille mais ouvre également la porte à l’entrée de toutes sortes de virus. Inutile de vous faire un dessin, de là à la perte de la colonie, il n’y a qu’un pas que nous allons essayer de ne pas franchir. En août et septembre, les colonies contiennent encore beaucoup de couvain suite à la relance de ponte que nous avons provoquée par le nourrissement d’après miellée d’été. Or, c’est à ce moment de l’année que le nombre de varroas est le plus important car ils ont eu toute la saison apicole pour se multiplier en masse. Notre rôle maintenant, nous, apiculteurs dignes de ce nom, est de réduire ce nombre de varroas à la quantité la plus faible possible avant l’apparition des abeilles grasses d’hiver, afin que celles-ci soient en bonne santé avant les grands froids. Si l’on considère que les abeilles qui ont mené la danse de la récolte d’été sont en mauvais état sanitaire suite au travail fourni mais encore au nombre de varroas présents qui est maximum dans la colonie en fin de miellée, nous devons admettre que ces abeilles ne sont pas en condition pour élever des abeilles grasses d’hiver en bonne santé. Il faudra entre deux et trois générations d’abeilles sous traitement pour atteindre le but escompté. Cela signifie deux à trois fois 21 jours d’élevage en continu d’abeilles sous traitement pour enfin atteindre un taux acceptable de varroas (le plus bas possible bien sûr) qui nous permettra d’élever enfin des abeilles grasses d’hiver en bonne santé. C’est la raison pour laquelle nous devons absolument retirer les hausses de miel d’été le plus rapidement possible en juillet, et certainement avant le 21, afin d’avoir devant nous le temps possible d’épurer le peuple de ses varroas et élever de bonnes abeilles d’hiver. Toute personne sensée est, je pense, capable de comprendre cela.

Octobre

Octobre

Août et septembre seront donc les deux mois consacrés à l’extermination des varroas présents dans les ruches. Pour ce faire, seuls des traitements de longue haleine couvrant plusieurs cycles de naissances d’abeilles seront efficaces.

Quels sont les produits qui répondent à ces critères, me direz-vous ? Seules les molécules qui se dispersent lentement au fil du temps seront capables de faire chuter significativement le nombre de varroas présents dans le couvain des ruchées. Ces produits sont commercialisés sous la forme d’inserts en matière plastique contenant le produit acaricide actif. Ils diffusent la molécule pendant plusieurs semaines, en général de 8 à 10 semaines, après quoi, ils sont retirés des colonies pour l’hiver, afin d’éviter l’apparition de résistance des varroas à la molécule active. Ces produits sont commercialisés sous les marques Apistan, Apivar, Périzin, Api life var, Thymovar, Bee Vital etc….. Une prescription vétérinaire est exigée pour leur utilisation. Sachez que, en attendant la mise sur pied de lignées d’abeilles mellifères qui pourront vivre en présence de varroas, nous ne pourrons échapper aux traitements dits » chimiques » afin de maintenir le varroa à un taux acceptable dans les peuples. C’est malheureusement la triste réalité des choses que nous devons accepter si nous ne voulons pas perdre nos abeilles en masse. Bien utilisés, ces produits ne se retrouvent normalement pas dans le miel que nous produisons. C’est un petit lot de consolation qu’il nous faut accepter en attendant mieux. Il est important que tous les apiculteurs réalisent un traitement de lutte contre le varroa afin que la re-contamination par dérives d’abeilles ne soit pas provoquée par un retour de varroas dans les ruches déjà traitées. Lutter contre le varroa est donc l’affaire de tout apiculteur digne de ce nom. Celui qui ne lutte pas contre ce fléau commet un acte crapuleux vis-à-vis de ses voisins apiculteurs qui eux réalisent un traitement efficace qui empêche la ré-infestation des colonies traitées. A bon entendeur….

Septembre est aussi le mois pendant lequel nous pourrons encore introduire des reines fécondes dans les colonies de production. Elles sont particulièrement bien acceptées en fin de saison, les mâles ayant disparus (du moins logiquement).

Les entrées de ruches seront rétrécies également afin d’éviter aux prédateurs d’entrer ronger les cadres pendant la froide saison. Les isolations seront placées sous les toits afin d’éviter les pertes de chaleurs par le haut des colonies. Comme vous le savez, la chaleur monte….. En un mot comme en cent, tout sera mis en œuvre pour que le bien être et la tranquillité des peuples soient rencontrés en cette fin de saison.

Lors de la seconde partie de septembre, le second bidon de sirop de sucre sera distribué aux colonies qui recevront donc, en année normale, un total de 15 kg de sucre sec. Attention, cette quantité peut atteindre 18 voir 20 kg suivant l’année qui, si elle amène les peuples a consommer plus tôt, devront recevoir un complément de sirop en octobre afin de ne pas tomber « trop court » en janvier février. Vos avettes vous le rendront au centuple le printemps suivant!

Après 10 semaines de traitement, les inserts seront retirés des colonies et un check up pourra être réalisé avec par exemple le Bee Vital afin d’être certain de l’efficacité du traitement de longue durée. En décembre, lorsqu’il n’y aura plus aucun couvain dans les peuples, on réitérera ce traitement afin d’éliminer les varroas encore présents. Une grande attention à l’élimination de ces vampires devra en tous cas être portée si nous voulons conserver nos ruchées en vie. Trop de ruches disparaissent en cours d’hiver des suites de l’absence de lutte contre la varroase, il faut le savoir.
A l’atelier, les cadres mis à la réforme seront fondus dans la chaudière à cire, puis nettoyés dans un bain de lessive de soude en cristaux avant d’être rincés à grande eau et finalement mis à sécher avant leur stockage au sec. Nous ne manquerons pas de reparler de tout cela prochainement.

Michel Smet

A relire: « Au rucher » septembre-octobre en 2015.

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