Actualités apicoles 2017-01

Par Benoît Manet

2017 : une année d’ouverture, de sérénité, de tolérance, de tendresse et d’amitié pour tous, proches ou très lointains. Une excellente santé, un optimisme contagieux, beaucoup de joies partagées. Voici le message que je recevais voici quelques jours et que je souhaitais partager avec vous.

Pour que nous ayons toujours à cœur de choisir des sentiments simples pour contredire les aléas et les troubles de notre monde. En revenant à des besoins plus fondamentaux, impératifs moraux, autant que politiques, pour que les conséquences ne se retournent vers l’ensemble de toutes les sociétés. La philosophie des Lumières a introduit l’idée de progrès croissant liée au bonheur humain. La révolution industrielle mais ensuite tout ce qui partageait la même foi dans le progrès a permis un formidable essor des sociétés occidentales mais ce modèle affiche maintenant un renversement de paradigme qui augmente les inégalités. Les excès de ce modèle aboutissent à la surexploitation des ressources avec un impact écologique inégalé induisant les maux que l’on connaît en termes de précarité, de troubles climatiques, de malnutrition, de conflits et de déplacements migratoires. Tout est lié dans un enchaînement grondant. Et pour y contrer, sans doute faut-il s’habituer à plus de sobriété car ce modèle de consommation a quelque chose d’unique dans l’histoire humaine. Et que tout indique que cette situation historique va se refermer 1. Pierre Rabhi nous y invite au travers de ses lignes écrites dans son essai sur la sobriété heureuse ou, tout récemment, dans son dernier ouvrage sur « la convergence des consciences » 2. « Il s’agit d’imaginer ensemble, dit-il, en conscience et dans le respect, le monde dans lequel nous voulons évoluer et nous accomplir ».

Et dans ce registre, la nature est inspirante, habituée à imaginer des solutions avec moins ou autrement. C’est ainsi que les préfixes infra et ultra peuvent prendre un sens original. Notamment en ce qui est des ondes sonores et lumineuses.

Les vibrations apportent une série d’informations aux abeilles et complètent la communication par la danse. Les ouvrières émettent également des signaux lors de l’essaimage. Elles vibrent en émettant des sons très brefs qu’elles communiquent au rayon ou à une congénère (pipings). Les reines échangent également entre elles par des signaux bien connus des apiculteurs que sont les « tûûûût-tut-tut-tut » auxquels répondent les jeunes reines dans leur cellule par un « kwak-kwak-kwak » 3. Ces signaux ne correspondent pas à des sons même si ceux-ci sont en partie audibles mais à des vibrations au rayon qui permettent de transmettre l’information dans le mode infra.

La relation entre plantes à fleurs et abeilles est un autre exemple bien connu au travers d’une coévolution ayant favorisé les fleurs garnies de signaux sur le principe de la cible situés dans l’ultraviolet puisque la vision des pollinisateurs est elle-même capable de voir la lumière en-dehors du spectre visible pour les hommes. Les longueurs d’onde inférieures (ultraviolet) et supérieures (infrarouge) nous sont invisibles. Mais l’abeille peut percevoir l’ultraviolet et établit une alliance privilégiée avec les fleurs présentant cet artifice. C’est ainsi tout un monde de partages et d’échanges qui s’établit dans la discrétion de ces univers.

De même, des chercheurs anglais ont découvert récemment que les infrarouges avaient des effets salutaires sur les abeilles 4. Dans le contexte des intoxications aux pesticides, ces chercheurs ont testé des abeilles à ces rayons. Celles qui n’y ont pas été exposées tout en étant soumises ou non aux pesticides deviennent rapidement peu mobiles, perdent la vue et meurent de faim car elles ne peuvent plus s’alimenter. Les infrarouges semblent pouvoir inverser ou contrer les effets négatifs induits par les pesticides en donnant un coup de pouce aux mitochondries 5 des cellules. Ceci permet de limiter la perte d’énergie dans la production d’ATP (Adénosine Triphosphate) lorsque les neurones sont surstimulées par une exposition aux pesticides. Les abeilles soumises à leur exposition retrouvent leur capacité visuelle et de mobilité. Les infrarouges pourraient être utilisés à titre préventif de façon efficace, d’autant qu’aucune modification comportementale n’a été observée. L’idée de soumettre les colonies à une petite source de rayons à infrarouges fait déjà son chemin pour éviter les toxicités trop bien connues.

Les infrarouges ont également des effets bénéfiques sur les humains car ils auraient des propriétés neuroprotectrices capables de protéger les cellules du cerveau dégradées par la maladie de Parkinson. Ce traitement 6 consiste à diffuser de la lumière infrarouge sur des zones très localisées du cerveau et avec un minimum de chirurgie dans l’espoir attendu que les neurones encore fonctionnels le restent et que la fonctionnalité des neurones non dégénérés mais dont la sécrétion de dopamine n’est plus opérationnelle puisse être restaurée.

Ainsi le mode infra peut améliorer notre confort de vie ou celui de nos abeilles. Mais des avancées en recherches restent nécessaires. Pour l’instant, puisque le temps est au frimas, profitons des infrarouges du chauffage de nos maisons en nous retrouvant en famille, entre amis, autour de quelques attentions partagées. Et pourquoi pas en dégustant un pain d’épices confectionné au départ du miel de nos ruches. L’intérêt d’une recette est apparu au fil des échanges lors du dernier souper de Saint-Ambroise. Je vous livre ma recette en souhaitant qu’elle vous réchauffe les sens et le cœur.

Recette de pain d’épices

Pour 2 moules à cake, prévoir les ingrédients suivants :

  • 500 gr de votre miel,
  • 250 gr de farine de seigle tamisée et 250 gr de farine blanche,
  • 1 sachet de poudre à lever,
  • 1 cuillère à café de bicarbonate,
  • 2 dl de lait,
  • 3 œufs,
  • 1 pincée de sel,
  • des épices : j’utilise les 4 épices mais on peut aussi ajouter de la cannelle en poudre, du gingembre moulu (c’est selon),
  • et facultativement des fruits confits (abricots, gingembre ou mélange), des amandes effilées ou du sucre perlé en déco, …

La préparation est simple :

  1. Pendant que le four est mis à préchauffer à 160°C, on tiédit le lait, le miel et les épices que l’on verse ensuite dans le bol mélangeur et auquel on ajoute les farines, la levure, le bicarbonate, le sucre, le sel et les jaunes d’œufs.
  2. Les blancs seront séparés pour être battus en neige ferme et ensuite incorporés délicatement à la préparation.
  3. Ajouter les fruits confits si choisis.
  4. Mettre ensuite la pâte dans les moules graissés, décorer et enfourner pour 1 heure environ (à vérifier en piquant avec un couteau).
  5. Démouler dès la sortie du four et laisser refroidir sur grille.

A conserver en boîte en fer blanc ou sous film fraîcheur. Encore meilleur le lendemain ou après quelques jours !

Bonne dégustation et bonne année…

A suivre…

Benoît Manet

Notes:
1. Hervé Kempf. Fin de l’Occident, naissance du monde. Seuil, 2014.
2. Pierre Rabhi. (1) Vers la sobriété heureuse. Actes Sud, 2010 ; Babel n° 1171. (2) La convergence des consciences. Ed. Le Passeur.
3. Plus sur le projet Swarmonitor en tant que projet de suivi des colonies et de compréhension du phénomène de l’essaimage au travers des vibrations sur et http://www.swarmonitor.comze.com/cari163.pdf
4. Powner, M.B., Salt, T.E., Hogg, Ch. & Jeffery, G. (11/2016). Improving mitochondrial function protects bumblebees from neonicotinoid pesticides. PLoS ONE 11(11). Doi: 10.1371/journal.pone.0166531.
5. La mitochondrie est un organite de la cellule où a lieu la respiration. C’est à son niveau que le sucre va être transformé en énergie.
6. Travaux du Pr Benabib du Centre Clinatec : projet NIR (Lumière proche InfraRouge)
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